De la viande contaminée par des substances per- et polyfluoroalkylées (PFAS) en provenance de Suisse orientale se retrouve dans les assiettes de tout le pays, selon une enquête de la «NZZ am Sonntag». Cette situation préoccupante met en lumière les différences d'approche entre les autorités cantonales et fédérales face à ce problème de santé publique.
L’été dernier, les autorités saint-galloises avaient annoncé avoir trouvé une quantité trop élevée de PFAS, des produits chimiques difficilement dégradables dans l’environnement et considérés comme nocifs pour la santé, dans des échantillons de viande de bœuf. Dans certains cas, les valeurs limites avaient été largement dépassées. Malgré cela, les agriculteurs concernés ont été autorisés à continuer de vendre leur viande.
Saint-Gall jugé «irresponsable»
Réactions des autorités saint-galloises
«Nous n’avons encore prononcé aucune interdiction de vente», confirme Jürg Daniel, chef de l’Office de la protection des consommateurs et des affaires vétérinaires du canton de Saint-Gall. Des efforts ont été déployés pour réduire rapidement la contamination des élevages. Entre-temps, les autorités ont relevé des taux excessifs de PFAS dans des échantillons provenant de 15 fermes saint-galloises.
«Il ne s'agit pas de substances à toxicité aiguë. La consommation d'un morceau de viande contenant les résidus actuellement détectés est acceptable d'un point de vue sanitaire», précise Jürg Daniel.
Critiques de la Confédération
Berne n’est pas de cet avis. «La Confédération estime que l’approche du canton de Saint-Gall n’est pas conforme aux exigences de la législation sur les denrées alimentaires», critique l’Office fédéral de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires (OSAV).
L’OSAV a attiré à plusieurs reprises l’attention des autorités saint-galloises sur ce point. «Une contamination aux PFAS est un problème à prendre très au sérieux. Ce que fait actuellement le canton est irresponsable», dénonce la conseillère nationale Franziska Ryser (Les Vert-e-s/SG).
Réactions des milieux agricoles
En revanche, les milieux proches de l’agriculture saluent l’approche des autorités saint-galloises. «Fermer des exploitations ou interdire l’élevage ne serait pas proportionné. Cette contamination existe depuis longtemps, et nous mangeons cette viande depuis des années», estime Peter Nüesch, président de longue date de l’Union des paysans du canton de Saint-Gall.
Recherches en cours dans d'autres cantons
Dans tout le pays, les autorités recherchent actuellement des résidus de PFAS dans l’alimentation. D’autres cantons pourraient également réserver de mauvaises surprises. Le Conseil des États discutera de la question mercredi prochain.
Cette situation soulève des questions importantes sur la sécurité alimentaire et la gestion des risques sanitaires en Suisse. Les débats à venir au niveau fédéral pourraient conduire à des mesures plus strictes pour protéger la santé des consommateurs.