Des milliers de personnes ont manifesté samedi après-midi à Rome pour protester contre une loi du gouvernement ultraconservateur de Giorgia Meloni, imposant un nouveau tour de vis sécuritaire avec des mesures répressives qui plaisent à son électorat. Encadrés par un important dispositif policier, les manifestants ont défilé dans les rues de la capitale sous un soleil de plomb, passant à côté de lieux emblématiques, comme le Colisée, dans un cortège avec de nombreux drapeaux syndicaux mais aussi palestiniens.
«Nous considérons cette loi comme la plus importante attaque contre la liberté d’être en désaccord» avec le gouvernement «de l’histoire de l’Italie républicaine», a déclaré à l’AFP l’avocat Cesare Antetomaso, membre de l’Association nationale des juristes démocrates. La loi renforce ainsi les peines pour certains délits et la protection des policiers mis en cause dans des dossiers de violences.
Une loi controversée et ses implications
Renforcement des peines et protection des policiers
Ce décret-loi, adopté début avril par le gouvernement et voté jeudi par la Chambre des députés, obtiendra le feu vert définitif du Sénat, où la coalition ultraconservatrice au pouvoir a une confortable majorité, dans une dizaine de jours. Il prévoit pour les membres des forces de l’ordre qui seraient poursuivis dans des dossiers de violences dans le cadre de leur service une aide financière de 10'000 euros pour les frais de défense.
Mesures répressives et leurs impacts
Les peines pour certains délits, comme une «révolte dans un établissement pénitentiaire», sont renforcées, même lorsqu’il s’agit de résistance passive. Les délais d’expulsion de personnes ayant occupé illégalement un appartement ou un garage sont raccourcis, tandis que les femmes enceintes ou ayant un enfant en bas âge, coupables de délits, seront désormais obligatoirement incarcérées, même si c’est dans des établissements moins sévères que les prisons.
Me Antetomaso reproche ainsi le fait que «les formes habituelles de protestation syndicale, comme bloquer les routes, peuvent être punies d’une peine allant jusqu’à deux ans de prison». Ce qui naguère n’était considéré que comme une infraction administrative, le blocage des routes pendant des manifestations, même pacifiques, est désormais un délit pouvant entraîner une peine d’emprisonnement allant jusqu’à deux ans.
«Il y a une hausse draconienne des peines pour l’occupation d’immeubles afin d’y habiter. La crise des logements ne peut pas être résolue avec des peines de sept ans de prison pour qui n’a pas de logement, mais avec des politiques sociales diverses», ajoute l’avocat.
Réactions et perspectives
La manifestation de samedi a rassemblé des milliers de personnes, représentant diverses organisations syndicales et groupes de la société civile. Les manifestants ont exprimé leur mécontentement face à ce qu'ils considèrent comme une atteinte à la liberté d'expression et de protestation.
Le gouvernement de Giorgia Meloni, quant à lui, défend cette loi comme une mesure nécessaire pour renforcer la sécurité et protéger les forces de l'ordre. Cependant, les critiques continuent de s'élever, notamment de la part des juristes et des défenseurs des droits de l'homme, qui craignent que cette loi ne mène à une répression accrue des mouvements sociaux et des voix dissidentes.
Les prochains jours seront décisifs, alors que le Sénat italien est sur le point de voter définitivement ce décret-loi. Les opposants à la loi espèrent que les débats parlementaires permettront de faire entendre leurs préoccupations et d'apporter des amendements à ce texte controversé.