Les derniers sondages avant l'élection présidentielle de dimanche en Pologne prédisent un résultat très serré entre le maire pro-européen de Varsovie, Rafal Trzaskowski, et l'historien nationaliste Karol Nawrocki. Les deux candidats sont entrés dans les dernières heures de campagne vendredi, avec des enjeux politiques et sociaux majeurs en perspective.
Un duel serré entre deux visions opposées
Rafal Trzaskowski: un espoir pour les libéraux
La victoire du centriste Rafal Trzaskowski, âgé de 53 ans, serait un coup de pouce majeur pour le gouvernement libéral du Premier ministre Donald Tusk, qui est dans une impasse politique face au président conservateur sortant, Andrzej Duda. Une telle victoire pourrait également permettre l’introduction d’unions civiles pour les couples de même sexe et l’assouplissement de l’interdiction, aujourd’hui quasi totale, de l’avortement en Pologne.
Lors de l’une de ses dernières rencontres électorales, le candidat pro-européen a appelé ses partisans à la mobilisation générale. «Si la participation est aussi élevée qu’en 2023, qu’elle s’en rapproche ou, qui sait, peut-être qu’elle sera même plus grande, nous gagnerons cette élection présidentielle», a déclaré Rafal Trzaskowski à Chojnice dans le nord de la Pologne.
Lors des élections législatives de 2023 qui ont donné la victoire à la coalition pro-européenne de Donald Tusk, la participation s’était élevée à 74,38%. «Choisissons un président qui est prêt à construire, à recréer la communauté, qui vous tendra toujours la main (…) malheureusement, l’alternative est une nouvelle querelle et le chaos», a-t-il dit.
Karol Nawrocki: un nationaliste admirateur de Trump
Une victoire pour Karol Nawrocki, âgé de 42 ans et admirateur du président américain Donald Trump, pourrait saper le soutien inébranlable de la Pologne à l’Ukraine contre la Russie. M. Nawrocki s’oppose à l’adhésion de l’Ukraine à l’Otan et dénonce les aides accordées aux réfugiés ukrainiens en Pologne.
M. Nawrocki a quant à lui déposé des fleurs devant un monument aux victimes des massacres de Polonais par des nationalistes ukrainiens pendant la Seconde guerre mondiale. La Pologne, très proche allié de l’Ukraine depuis le début de l’invasion russe de ce pays, ne cesse de demander que Kiev reconnaisse sa responsabilité dans ces massacres, lors desquels quelque 100 000 Polonais en Volhynie (région aujourd’hui située en Ukraine), ont été tués dans les années 1943-1945.
«C’était un génocide commis contre le peuple polonais. Il n’y a pas le moindre doute à ce sujet, car ce fut un crime commis par des nationalistes ukrainiens», a déclaré M. Nawrocki à Domostawa dans le sud-est de la Pologne.
Un résultat incertain jusqu'au bout
Compte tenu de l’écart étroit qui sépare les deux candidats dans les sondages, le résultat ne sera connu de manière définitive que lundi. «Je serais prudente quant à ouvrir le champagne dimanche soir», a déclaré Anna Materska-Sosnowska, une analyste politique qualifiant l’élection de «véritable choc des civilisations». La dernière moyenne des sondages prévoit une victoire extrêmement étroite pour le centriste Trzaskowski, avec 50,6% contre 49,4% pour Nawrocki.
Le rôle crucial du président polonais
En Pologne, le président a un rôle principalement honorifique, mais est doté d’un pouvoir de veto crucial. Celui du président conservateur sortant Andrzej Duda a empêché le Premier ministre Donald Tusk de tenir nombre de ses promesses électorales dont des réformes judiciaires, la libéralisation de la loi sur l’avortement et l’introduction des unions civiles.
Participation
La participation électorale sera un facteur déterminant dans cette élection. Une forte mobilisation des électeurs pourrait pencher la balance en faveur de l'un ou l'autre des candidats.
«Génocide»
Le terme de génocide, utilisé par Karol Nawrocki pour décrire les massacres de Polonais par des nationalistes ukrainiens, ajoute une dimension historique et émotionnelle à la campagne.
«Choc de civilisations»
Cette élection est perçue comme un «choc de civilisations» entre deux visions radicalement opposées de la Pologne: une vision pro-européenne et libérale contre une vision nationaliste et conservatrice.
En conclusion, cette élection présidentielle en Pologne est bien plus qu'un simple vote. Elle représente un choix crucial entre deux futurs possibles pour le pays, chacun avec ses propres implications politiques, sociales et internationales.