Fille d’une actrice russe et d’un documentariste anglais, Shura a percé en 2016 avec «Nothing’s Real», un irrésistible album de pop synthétique aux effluves eighties bricolé dans sa chambre.
L’auteure-compositrice-interprète britannique a le don de fabriquer des chansons délicieusement mélancoliques et faussement joyeuses qui font du bien en s’inspirant de son mal-être. On la retrouve avec «I Got Too Sad For My Friends» (Je suis devenue trop triste pour mes amis, en vf), un troisième opus aux sonorités americana douillettes qui évoque sa lutte contre les démons de l’anxiété et de la dépression.
Un Album Introspectif et Thérapeutique
La Métaphore de l'Armure
«Le haut d’armure que je porte sur la pochette et qui ne protège pas le reste du corps est une métaphore des choses qu’on fait parfois à tort quand on est déprimés, nous explique-t-elle. Je me disais que mes amis ne voulaient pas me parler parce que j’étais un fardeau pour eux alors que ce n’était pas vrai. J’ai arrêté de les contacter et continué à m’enfoncer dans mon trou.»
L'Impact de l'Industrie Musicale
Lâchée par son label après la sortie de son deuxième disque, «Forevher» (2019), à la veille d’une tournée mondiale, la chanteuse queer s’insurge contre le manque de soutien de l’industrie musicale. «C’était merdique de lâcher une artiste à un moment pareil. Je trouve que les labels sont responsables du bien-être des artistes qu’ils signent. Comme l’a relevé Chappell Roan, dernièrement, ils devraient au moins veiller sur leur santé mentale. C’est une cause à laquelle je suis dévouée.»
Retour de New York
De retour de New York, où elle a vécu quelques années avec sa petite amie française (qui avait inspiré «Forevher»), la Londonienne de 36 ans dissèque ses sentiments ambivalents envers les États-Unis dans «America», un titre de son nouvel album. «J’ai emménagé à New York juste au moment où le confinement a commencé, se souvient-elle. C’était une période bizarre, pendant le premier mandat de Trump. La vie n’y est pas bon marché et nous ne pouvions pas profiter de tout ce que la ville a à offrir parce que nous étions confinées.»
Réflexions sur le Royaume-Uni
Aujourd’hui, de retour à Londres, l’interprète de «World’s Worst Girlfriend» ne regarde pas pour autant le Royaume-Uni avec des lunettes roses. «Les États-Unis ont placé la barre très bas, ce qui se passe là-bas est absurde. Mais l’histoire a démontré que le Royaume-Uni n’est jamais très loin derrière le pays qu’il considère comme son grand frère cool.»
Avec son nouvel album, Shura continue de toucher son public avec des mélodies qui résonnent profondément, tout en abordant des thèmes personnels et universels. «I Got Too Sad For My Friends» promet d'être une œuvre marquante dans la carrière de l'artiste, offrant un aperçu intime de ses luttes et de ses triomphes.