Alors que la saison pluvieuse a commencé, des dizaines de milliers de personnes déplacées, en particulier dans le centre et le sud de la bande de Gaza, souffrent de l’inondation de leurs tentes. Accroupi près de sa tente, Ayman Siam bâtit une muraille hétéroclite, minuscule, sans doute illusoire, pour tenir sa famille au sec à l’approche des pluies hivernales dans la bande de Gaza. Guerre oblige, le stade de Yarmouk s’est mué en camp d’accueil pour des milliers de déplacés à Gaza-ville, dans le nord du territoire.
Au pied des gradins démolis, la pelouse a fait place à une terre boueuse sur laquelle s’alignent des rangées de tentes, refuges de fortune pour des milliers de Palestiniens ayant fui les combats entre l’armée israélienne et le mouvement islamiste Hamas.
Sous les tentes, la pluie ajoute aux malheurs des déplacés
Des tentes fragiles face aux éléments
«J’essaie de protéger ma tente de l’eau de pluie parce qu’on attend de grosses averses», explique Ayman Siam en assemblant pavés et parpaings disparates avec l’aide de son petit-fils. «Quand il a plu il y a trois jours, on était trempé», poursuit-il. «Alors, on essaie autant qu’on peut d’empêcher l’eau de pluie de s’infiltrer dans les tentes afin que les enfants, mes petits-enfants» soient abrités.
Devant la tente voisine, un homme creuse à la pioche une tranchée pour évacuer l’eau que le ciel noir menace de déverser sur le campement. Faute de parapluie, on se déplace la tête abritée sous des bassines et récipients en tout genre, en naviguant entre les flaques. À Gaza, la saison la plus pluvieuse s’étend de la fin octobre au début avril, avec un pic de précipitations en janvier, où il pleut en moyenne entre 30 et 40 mm pendant le mois. Pas vraiment le déluge, mais suffisamment pour détremper les sols, y compris à l’intérieur des tentes, loin d’être hermétiques.
Un hiver horrible en perspective
L’hiver va être «horrible», prévient Louise Wateridge, une responsable des situations d’urgence à l’agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa). «Les gens n’ont rien de ce dont ils ont besoin», explique-t-elle à l’AFP. «Ils n’ont pas les choses les plus basiques depuis 13 mois: ni nourriture, ni eau, ni abri. Avec la pluie et le froid en plus de tout ça...».
Il y a quelques jours, des averses ont inondé des centaines de tentes à Deir al-Balah (centre), Khan Younès et Rafah (sud). Plusieurs autres en bord de mer ont disparu dans les flots, selon la Défense civile palestinienne.
Aouni Al-Sabea peut en témoigner. «L’eau a emporté tout ce qu’il y avait dans ma tente: les matelas, les couvertures, une cruche... Nous avons seulement pu récupérer un matelas et des couvertures pour les enfants», témoigne ce Palestinien de 40 ans, qui avait fui un camp de Gaza-ville pour une tente à Deir al-Balah. «Maintenant, nous sommes dans la rue et il ne nous reste plus rien», se lamente-t-il.
Appel à l'aide internationale
Par nature fragiles, de nombreuses tentes sont dans un état déplorable, rapiécées avec les moyens du bord, mais toujours vulnérables face aux éléments. «Des dizaines de milliers de personnes déplacées, en particulier dans le centre et le sud de la bande de Gaza, souffrent de l’inondation de leurs tentes à cause des pluies», fait valoir auprès de l’AFP le porte-parole de la Défense civile palestinienne, Mahmoud Bassal. «Nous appelons la communauté internationale à intervenir d’urgence pour aider les déplacés et leur apporter des tentes et de l’aide», ajoute-t-il.
À l’approche de l’hiver, de nombreuses ONG ont aussi tiré la sonnette d’alarme. Dans le stade de Yarmouk, Oum Ahmed Saliha montre l’eau qui s’est glissée sous son tapis pendant l’averse tombée à l’heure de la prière matinale. «Tout cela, c’est la pluie de ce matin», dit-elle, après avoir mis quelques vêtements à sécher. «Et l’hiver n’a même pas encore vraiment commencé...».
De grosses averses attendues
Les prévisions météorologiques annoncent de grosses averses dans les semaines à venir, ce qui ne fera qu'aggraver la situation des déplacés. Les tentes, déjà fragilisées par les précédentes intempéries, risquent de ne pas résister à de nouvelles pluies intenses. Les autorités locales et les organisations humanitaires redoublent d'efforts pour fournir des abris plus robustes et des fournitures essentielles, mais la tâche est immense.
La communauté internationale est appelée à redoubler d'efforts pour soutenir les déplacés de Gaza, qui font face à des conditions de vie de plus en plus précaires. Les besoins en nourriture, en eau potable, en abris et en soins médicaux sont urgents et nécessitent une réponse rapide et coordonnée.
En conclusion, la saison pluvieuse à Gaza ajoute une couche supplémentaire de difficultés pour les déplacés, déjà éprouvés par les conflits et les conditions de vie précaires. L'aide internationale est plus que jamais nécessaire pour atténuer les souffrances et offrir un minimum de sécurité et de confort à ces populations vulnérables.