L’ONG Trial International a demandé aux autorités suisses d’ouvrir des enquêtes administratives pour déterminer si la fondation Gaza Humanitarian Foundation (GHF), soutenue par les Etats-Unis et qui affirme vouloir distribuer l’aide humanitaire à Gaza, respectait le droit.
Trial International a déposé les dénonciations auprès de l’autorité fédérale de surveillance des fondations (ASF) et du Département fédéral des Affaires étrangères (DFAE), «afin de contrôler d’une part la conformité des activités de la GHF avec ses propres statuts et l’ordre juridique suisse, d’autre part avec la loi fédérale sur les prestations de sécurité privées fournies à l’étranger (LPSP)», précise-t-elle dans un communiqué publié vendredi.
Aide humanitaire escortée
Pratique contraire au droit international?
L’ONU a déjà affirmé à plusieurs reprises qu’elle ne participera pas à la distribution d’aide par cette fondation, créée il y a quelques mois et dont le siège est à Genève, estimant qu’elle ne respectait pas les principes «d’impartialité, de neutralité et d’indépendance».
La Fondation humanitaire de Gaza a annoncé le 14 mai vouloir distribuer près de 300 millions de repas pour une période initiale de 90 jours, mais a insisté cette semaine sur le fait qu’elle souhaitait collaborer avec l’ONU et les organisations humanitaires présentes sur le terrain.
Dans un communiqué publié mercredi, elle indique aussi qu’elle fera appel à des «entreprises de sécurité pour transporter l’aide depuis les points de passage jusqu’aux sites de distribution sécurisés» et «une fois sur place, l’aide sera distribuée directement à la population de Gaza par des équipes humanitaires civiles».
Critiques des modalités de distribution
Cet aspect inquiète Trial International. «Le recours prévu à des sociétés de sécurité privées entraîne une militarisation risquée de l’aide, qui ne se justifie pas dans un contexte où les Nations unies et les ONG humanitaires disposent de l’impartialité, des ressources et de l’expertise nécessaires pour distribuer cette aide sans délai à la population civile», souligne Philip Grant, le directeur exécutif de Trial International dans le communiqué.
Les modalités de distribution de l’aide humanitaire affichées par la GHF ont été unanimement critiquées par les acteurs humanitaires, souligne encore Trial International.
«L’aménagement de points de distribution dans certaines zones géographiques ciblées limite fortement l’accès à une aide vitale, déjà trop longtemps retenue par Israël en violation manifeste du DIH (Droits international humanitaire), pour une large partie de la population qui pourrait alors être forcée – pour autant même qu’elle le puisse – de se déplacer», souligne l’ONG.
Risques d'infraction aux principes humanitaires
Une telle pratique risque d’enfreindre les principes d’impartialité, de neutralité, d’indépendance et d’humanité, ainsi que de contrevenir au droit international humanitaire, souligne-t-elle.
Les principes humanitaires sont essentiels pour garantir que l’aide soit distribuée de manière équitable et sans discrimination. La militarisation de l’aide pourrait non seulement mettre en danger les bénéficiaires, mais aussi compromettre l’efficacité et la crédibilité des opérations humanitaires.
En conclusion, la demande de Trial International aux autorités suisses d’enquêter sur les activités de la GHF soulève des questions cruciales sur la manière dont l’aide humanitaire doit être distribuée dans des zones de conflit. La communauté internationale doit veiller à ce que les principes humanitaires soient respectés pour garantir une aide efficace et sûre aux populations vulnérables.