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Projet de prison en Guyane : controverse et tensions avec les locaux


Le ministre de la Justice annonce une prison de haute sécurité en Guyane, suscitant des réactions indignées des élus locaux et des journalistes.

Projet de prison en Guyane : controverse et tensions avec les locaux

Le ministre français de la Justice a jeté un pavé dans la mare ce week-end, en annonçant son intention d’ouvrir, d’ici 2028, une prison de haute sécurité dans la jungle de Guyane. Ce projet, qui a suscité une vive controverse, a entraîné une levée de boucliers dans ce territoire français situé au nord-est de l’Amérique du Sud, près des pays producteurs de cocaïne.

La Collectivité territoriale de Guyane (CTG) a été la première à réagir, dénonçant ce projet dans un communiqué. «La Guyane n’a pas vocation à accueillir les criminels et terroristes de la France hexagonale», a-t-elle déclaré. Le pouvoir local a également souligné que ce projet pourrait être perçu comme une reconstitution du bagne, une référence douloureuse à un passé colonial où des milliers de criminels étaient exilés en Guyane pour purger leurs peines.

Un projet controversé et mal accueilli

Réactions locales et historiques

La sénatrice PS de Guyane, Marie-Laure Phinera-Horth, a également exprimé son indignation. «Ce projet nous ramène malheureusement à un passé douloureux: pendant près d’un siècle, la France a exilé en Guyane des milliers d’hommes, condamnés pour les crimes les plus sordides, afin qu’ils purgent leurs peines loin de la société dite civilisée», a-t-elle déclaré. Elle a également souligné que les élus locaux n’avaient pas été consultés sur ce projet.

Tensions avec la presse

Dans ce contexte tendu, Gérald Darmanin s'est emporté face à un journaliste guyanais qui lui faisait remarquer que la population locale voyait son projet comme «un retour du bagne», samedi, à Saint-Laurent-du-Maroni. «C'est une insulte à la République, ce que vous dites. Vous êtes journaliste, d'abord en plus vous êtes complètement idiot», a rétorqué le ministre de la Justice. Ces propos ont immédiatement suscité des réactions de soutien envers le journaliste insulté.

Réactions de la communauté journalistique

La direction de la chaîne Guyane, la 1ère, a publié un communiqué pour soutenir le journaliste. «Halte au mépris, respectez la presse et les ultramarins!», s'est insurgée pour sa part Soraya Morvan-Smith, journaliste chez France 24. Deux syndicats, le SNJ et l'Unsa, ont également dénoncé les propos «inadmissibles» de Gérald Darmanin. «Qualifier d'insulte à la République la question légitime d'un journaliste est indigne d'un ministre! Et l'usage du mot idiot (...) est également indigne», ont-ils déclaré dans un communiqué.

Cet incident met en lumière les tensions croissantes entre le gouvernement français et les territoires ultramarins, ainsi que les défis auxquels sont confrontés les journalistes dans l'exercice de leur profession.