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'20 ans requis contre Dominique Pelicot pour viols répétés sur sa femme'


'Le ministère public demande la peine maximale pour Dominique Pelicot, accusé de viols aggravés. Le procès se déroule à Avignon.'

'20 ans requis contre Dominique Pelicot pour viols répétés sur sa femme'

Le ministère public a requis lundi la peine maximale contre Dominique Pelicot pour ses «agissements abjects», lui qui a drogué, violé et fait violer sa femme par des dizaines d’hommes recrutés sur internet.

«20 ans, c’est à la fois beaucoup, car c’est 20 ans d’une vie, quel que soit son âge, ce n’est pas rien. Mais c’est à la fois beaucoup et trop peu. Trop peu au regard de la gravité des faits qui ont été commis et répétés», a insisté Laure Chabaud, seconde représentante du ministère public à s’exprimer lundi matin devant la cour criminelle du Vaucluse, à Avignon.

Un procès emblématique

Hasard du calendrier, ce réquisitoire, qui pourrait durer trois jours, débute à l’occasion de la Journée internationale de la lutte contre les violences faites aux femmes. «L’enjeu» du procès des viols de Mazan «est de changer fondamentalement les rapports entre hommes et femmes», a affirmé lundi le ministère public en débutant son réquisitoire contre Dominique Pelicot et les 50 hommes avec qui il est accusé d’avoir violé son épouse, sédatée, pendant dix ans.

Le courage et la dignité de Gisèle Pelicot

Jean-François Mayet, le premier des deux représentants de l’accusation à s’exprimer, a salué le «courage» et la «dignité» de Gisèle Pelicot, victime principale de ces quelque 200 viols répétés, dont la moitié attribués à son ex-mari, lui donnant crédit d’avoir décidé de lever le huis clos des audiences et permettant de diffuser une partie des quelque 20'000 photos et vidéos prises à son insu par Dominique Pelicot.

«Vous avez eu raison madame : les semaines écoulées ont montré l’importance de ces diffusions, pour que la honte change de camp», a-t-il lancé, reprenant l’argument avancé à plusieurs reprises par Gisèle Pelicot.

L’impact mondial du procès

Une certitude, les peines que vont réclamer les représentants du ministère public seront scrutées de près, tant ce procès a eu un impact mondial et tant la victime principale, Gisèle Pelicot, 71 ans, a accédé au statut d’icône féministe après avoir refusé que le procès se déroule à huis clos, «pour que la honte change de camp». «C’est beaucoup d’émotion», a lâché Gisèle Pelicot en entrant dans la salle d’audience.

Les peines pour les coaccusés

Quelles peines le ministère public réclamera-t-il contre les 50 coaccusés de Dominique Pelicot? Car même si la plupart sont poursuivis pour les mêmes faits, à savoir viols aggravés sur Gisèle Pelicot, et risquent donc également 20 ans de prison, l’individualisation des peines est obligatoire.

  • Distinguer les récidivistes - dix hommes sont venus plusieurs fois - de ceux venus une seule fois à Mazan.
  • Ces hommes âgés de 26 à 74 ans pouvaient-ils légitimement croire qu’ils participaient au scénario d’un couple libertin, où l’épouse faisait semblant de dormir?
  • Ont-ils été «manipulés» par Dominique Pelicot?
  • Leur discernement était-il altéré au moment des faits, comme l’ont encore suggéré les avocats de 33 d’entre eux mercredi?

Les accusés qui nient leur implication

Enfin, le parquet aura-t-il la main plus lourde envers les 35 accusés qui, à l’ouverture du procès, ont encore fermement nié avoir participé à un «viol», en dépit des vidéos accablantes filmées par Dominique Pelicot?

Au planning officiel, le réquisitoire est prévu sur trois jours. Mais selon les informations recueillies auprès des différentes parties par l’AFP, il pourrait s’achever mercredi en fin de matinée.

Après le cas Pelicot, l’accusation devrait avancer crescendo avec d’abord les dossiers moins lourds, ceux de Joseph C., 69 ans, et Hugues M., 39 ans, respectivement accusés d’agression sexuelle et de tentative de viol, avant de s’atteler aux 48 autres (dont un en fuite).

«Pour que la honte change de camp», telle est la devise de ce procès qui marquera sans doute les esprits et pourrait bien changer les rapports entre hommes et femmes.