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Trzaskowski et Nawrocki au second tour de la présidentielle polonaise


Le maire de Varsovie, Rafal Trzaskowski, affrontera Karol Nawrocki le 1er juin. L'extrême droite réalise une percée record avec 22% des voix.

Trzaskowski et Nawrocki au second tour de la présidentielle polonaise

Le candidat pro-européen Rafal Trzaskowski et l’historien nationaliste Karol Nawrocki s’affronteront au deuxième tour de l’élection présidentielle polonaise le 1ᵉʳ juin, selon un sondage à la sortie des urnes réalisé à l’issue du premier tour du scrutin dimanche, marqué par une percée record de l’extrême droite.

Maire de Varsovie, Rafal Trzaskowski serait soutenu par 30,8% des électeurs. Il affrontera le 1ᵉʳ juin Karol Nawrocki, crédité de 29,1% des suffrages, d’après l’Institut IPSOS. Le scrutin a démontré une montée en puissance de l’extrême droite dont deux représentants, le député libertarien Slawomir Mentzen et l’eurodéputé antisémite Grzegorz Braun, ont obtenu ensemble près de 22% des voix.

Un scrutin décisif pour l'avenir de la Pologne

Enjeux politiques et sociaux

Le scrutin est décisif pour l’avenir du gouvernement pro-européen en place, ainsi que de ceux du droit à l’avortement et des droits des minorités sexuelles, à un moment délicat pour l’Europe en raison de la poursuite de la guerre en Ukraine, de la montée en puissance des partis d’extrême droite et des liens tendus avec Washington.

«Ce résultat montre à quel point nous devons être forts, à quel point nous devons être déterminés», a déclaré Rafal Trzaskowski à ses partisans dans un stade de la ville historique de Sandomierz, dans l’est de la Pologne. Le candidat nationaliste a quant à lui remercié ses électeurs, disant que sa victoire au deuxième tour empêchera la coalition en place de «monopoliser» l’ensemble du pouvoir en Pologne.

«Je n’accepterai pas que de nouveaux traités de l’Union européenne soient signés et que la Pologne perde sa souveraineté dans de nombreux secteurs de la vie sociale», a-t-il assuré, tout en promettant d’empêcher «que la sécurité des femmes et des hommes polonais soit menacée par des migrants illégaux».

Taux de participation et pouvoirs du chef de l'État

Le taux de participation a été de 66,8%, selon le sondage. Le chef de l’État polonais a des pouvoirs limités mais dispose d’un droit de veto sur les initiatives législatives, une prérogative fréquemment utilisée par le président sortant Andrzej Duda depuis l’arrivée au pouvoir, en 2023 de la coalition de l’ancien dirigeant européen Donald Tusk.

Conséquences d'une victoire de Rafal Trzaskowski

Une victoire de Rafal Trzaskowski permettrait au gouvernement de tenir ses engagements les plus importants qui n’ont pas été honorés. La coalition en place à Varsovie a en effet fait bien des déçus, en particulier parmi les défenseurs des droits des femmes – dont celui à l’avortement.

Elle lui donnerait aussi la possibilité de réaliser des progrès dans le rétablissement de l’État de droit, mis à mal par le précédent gouvernement populiste et le président sortant. «Avec Nawrocki, le gouvernement sera de fait paralysé et cela peut mener à terme à la chute de la coalition au pouvoir», juge la politologue Anna Materska-Sosnowska.

Son succès signifierait «en réalité le retour des populistes, avec une force décuplée, au plus tard dans deux ans», aux prochaines législatives, selon elle. La politique internationale a largement dominé la campagne électorale, avec notamment la question de la place de Varsovie entre l’Union Européenne et les États-Unis, et mis en lumière un affrontement entre deux conceptions distinctes.

Questions sociales et droits des minorités

Les questions sociales ont également joué un rôle important dans les débats électoraux. Rafal Trzaskowski, 53 ans, a promis de soutenir les droits à l’avortement dans un pays où il est presque interdit et ceux de la communauté LGBTQ.

Le parti Droit et Justice (PiS), qui soutient le nationaliste Karol Nawrocki, a souvent été en désaccord avec les alliés occidentaux de la Pologne et Bruxelles sur les questions du respect de l’État de droit, jusqu’à ce qu’il perde le pouvoir en 2023.

Réactions et perspectives pour le deuxième tour

«La partie pour tout ou rien ne fait que commencer. Une lutte acharnée pour chaque vote. Ces deux semaines décideront de l’avenir de notre patrie. C’est pourquoi il ne faut reculer même d’un pas», a déclaré Donald Tusk sur la plateforme X, après la publication du sondage à la sortie des urnes.

Selon Ewa Marciniak, sociologue et directrice de l’institut des sondages CBOS, la campagne pour le deuxième tour «sera très brutale: chacun des candidats cherchera à tout prix à discréditer son rival, par tous les moyens possibles».

Le résultat du scrutin dépendra en grande partie des électeurs de l’extrême droite et notamment de Slawomir Mentzen qui aurait obtenu 15,4% de voix. «C’est le plus grand succès dans l’histoire de notre camp», a clamé ce libertarien eurosceptique, fermement opposé à l’avortement et aux migrants, dont aux réfugiés ukrainiens.

Avenir du gouvernement en jeu

  • Paralysé
  • Questions sociales
  • «Tout ou rien»