Une cinquantaine d'Afrikaners, descendants des premiers colons européens à la pointe de l’Afrique, doit atterrir lundi aux États-Unis. Pretoria proteste contre cette initiative, affirmant que ces réfugiés «ne peuvent fournir aucune preuve de persécution». Le ministre des Affaires étrangères sud-africain, Ronald Lamola, a contesté cette décision lors d’une conférence de presse à Pretoria.
Un groupe de 49 Afrikaners, descendants des premiers colons européens à la pointe de l’Afrique, doit atterrir lundi aux États-Unis, après un décret de Donald Trump qui les prétend dépossédés de leur terre et victimes de «génocide». Le président américain a affirmé qu’ils subissaient une «discrimination raciale» en Afrique du Sud, a proposé d’offrir le statut de réfugiés aux Afrikaners, descendant pour la plupart de colons néerlandais. Son initiative a créé de vives tensions entre les deux pays.
Tensions diplomatiques entre les États-Unis et l'Afrique du Sud
Réactions de Pretoria
Vendredi, Pretoria avait exprimé sa «préoccupation» après la révélation dans les médias américains de l’accueil dès la semaine prochaine d’Afrikaners, soulignant que «les allégations de discrimination ne sont pas fondées». Les relations entre l’Afrique du Sud et les États-Unis se sont fortement dégradées cette année à cause de plusieurs sujets de politique intérieure et internationale. Washington avait expulsé l’ambassadeur sud-africain en mars.
Détails du vol
«49 personnes» devaient décoller du principal aéroport de Johannesburg dans un avion spécialement affrété vers 20h, selon un porte-parole du ministère sud-africain des Transports, Collen Msibi. «La demande d’autorisation (pour le vol) indique que ce sont des Afrikaners qui se relocalisent aux États-Unis en tant que réfugiés», a-t-il dit. L’avion doit d’abord se poser à Washington, puis au Texas (sud des États-Unis), a-t-il ajouté, précisant que son ministère n’a reçu aucune autre demande concernant des vols de relocalisation.
Contexte de la loi d'expropriation
Un des sujets de dispute est une loi d’expropriation destinée à contrer les inégalités héritées de l’ancien régime raciste d’apartheid, tombé en 1994. La minorité blanche représente un peu plus de 7% de la population sud-africaine, mais possédait 72% des terres agricoles en 2017, selon des chiffres officiels, et jouit globalement d’un niveau de vie plus élevé que le reste de la population.
Accusations de génocide
Donald Trump a récemment qualifié la situation en Afrique du Sud de «génocide». «Ils prennent la terre des fermiers blancs, puis les tuent, eux et leurs familles», a-t-il affirmé, sans qu’aucune donnée ne soit jamais venue soutenir ses accusations. En mars, il avait déclaré que tout fermier blanc sud-africain cherchant à «fuir» aurait droit à une «voie rapide» vers la nationalité américaine. Cette initiative tranche avec le raidissement général de sa politique à l’égard des immigrés – clandestins ou non – aux États-Unis, entre déploiement de soldats à la frontière mexicaine, arrestations massives et expulsion de centaines de migrants par avions militaires.
Réactions de l'Afrique du Sud
«La réinstallation de Sud-Africains aux États-Unis sous le couvert du statut de 'réfugiés'» est «entièrement fondée sur des motifs politiques et vise à remettre en question la démocratie constitutionnelle de l’Afrique du Sud, un pays qui a en réalité subi de véritables persécutions sous le régime de l’apartheid», avait dénoncé vendredi Pretoria, ajoutant qu’elle «n’empêchera pas les Sud-Africains voulant quitter le pays de le faire».
Allégations de discrimination pas fondées
Motifs politiques