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Ricardo Martinelli obtient l'asile en Colombie après 15 mois à l'ambassade du Nicaragua


L'ancien président panaméen échappe à une peine de prison pour blanchiment d'argent. Réactions mitigées au Panama.

Ricardo Martinelli obtient l'asile en Colombie après 15 mois à l'ambassade du Nicaragua

L’ancien président panaméen Ricardo Martinelli a annoncé son arrivée samedi en Colombie, où il a obtenu l’asile après avoir passé 15 mois à l’ambassade du Nicaragua au Panama, échappant à une lourde peine de prison pour blanchiment d’argent.

Le gouvernement panaméen «a accordé le sauf-conduit nécessaire» pour «la sortie en toute sécurité du citoyen panaméen Ricardo Alberto Martinelli Berrocal» vers la Colombie, qui lui a accordé l’asile, a annoncé le ministère panaméen des Affaires étrangères dans un communiqué.

Un départ controversé

Réactions mitigées

M. Martinelli, président de 2009 à 2014, a publié une photo de lui sur Instagram tard samedi, écrivant qu’il était «heureux» d’être dans la capitale colombienne, Bogota.

«C’est désolant que le gouvernement lui ait délivré un sauf-conduit», a déclaré Lina Vega, présidente de la branche panaméenne de l’ONG Transparency International, en évoquant «le triomphe de l’impunité» et «une farce pour la justice».

Vie à l'ambassade du Nicaragua

Alors qu’il se trouvait dans les locaux de l’ambassade du Nicaragua, M. Martinelli exprimait quotidiennement ses opinions politiques sur les réseaux sociaux, suscitant plusieurs plaintes du gouvernement panaméen.

Friand de polémiques, il a également publié des vidéos le montrant en train de faire de l’exercice, de participer à des barbecues. Ses selfies avec son chien Bruno, allongé dans un hamac ou se relaxant dans les bulles d’un jacuzzi, étaient devenus viraux.

Carrière politique et controverses

Il avait remporté la présidentielle en 2009 grâce à un virulent discours anticorruption, mais une douzaine de ses ministres ou anciens hauts fonctionnaires ont été arrêtés pour corruption après son départ.

Allié du président de droite Jose Raul Mulino, M. Martinelli avait été condamné à presque 11 ans de prison en 2023 pour blanchiment d’argent. Il a affirmé être la victime d’une persécution politique.

Ricardo Martinelli, 73 ans, patron d’une chaîne de supermarchés, a été reconnu coupable d’avoir utilisé pendant son mandat de l’argent public ponctionné sur des commissions pour des projets d’infrastrcuture, afin d’acheter une participation majoritaire dans une maison d’édition, Editora Panama America.

Chronologie des événements

  • Février 2024 : Ricardo Martinelli trouve refuge à l’ambassade du Nicaragua peu avant qu’un mandat d’arrêt ne soit émis contre lui.
  • Mars 2024 : Le gouvernement nicaraguayen refuse d’accueillir M. Martinelli, le gouvernement panaméen ne pouvant pas garantir que l’ancien président n’était pas l’objet d’un mandat d’arrêt international d’Interpol.
  • Samedi : M. Martinelli annonce son arrivée en Colombie, où il a obtenu l’asile.

Perspectives politiques

Dans les sondages, M. Martinelli, resté très populaire dans son pays, figurait en tête de la course pour l’élection présidentielle de mai 2024, mais il avait été disqualifié par sa condamnation et remplacé par son colistier Jose Raul Mulino. Celui-ci lui a ensuite accordé un sauf-conduit pour le Nicaragua en mars.

Cependant, le gouvernement nicaraguayen a refusé d’accueillir M. Martinelli, le gouvernement panaméen ne pouvant pas garantir que l’ancien président n’était pas l’objet d’un mandat d’arrêt international d’Interpol.

Avec son arrivée en Colombie, l’avenir politique de Ricardo Martinelli reste incertain, mais son influence et sa popularité au Panama demeurent palpables.