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La Caroline du Nord relance la peine de mort, exécutions controversées


L'État a exécuté cinq détenus en sept mois, dont Mikal Mahdi par peloton d'exécution. Son cas soulève des questions sur les méthodes utilisées.

La Caroline du Nord relance la peine de mort, exécutions controversées

La Caroline du Nord a relancé de manière significative son recours à la peine de mort depuis septembre 2024, mettant fin à une pause de 13 ans sans exécutions. En moins de sept mois, l'État a procédé à l'exécution de cinq détenus, dont deux par peloton d'exécution. Le retour de cette méthode de mise à mort, utilisée pour la dernière fois aux États-Unis en 2010, fait polémique. Et les conditions dans lesquelles le détenu Mikal Mahdi a été exécuté, le 11 avril dernier, viennent raviver le débat.

L'exécution de Mikal Mahdi : un désastre qui relance le débat

Les faits et le rapport d'autopsie

Le «Guardian» s'est procuré le rapport d'autopsie du corps de l'homme de 42 ans, fusillé pour le meurtre d'un policier de 56 ans qui l’avait trouvé caché à son domicile, en 2004. Ce document, ainsi qu'une photo et une analyse commandée par les avocats du détenu suggèrent que l'exécution ne s'est pas déroulée dans les règles. Il semble en effet que le quadragénaire ait souffert au-delà des 10 à 15 secondes que prévoit le protocole.

Détails de l'exécution

Selon un journaliste de l'agence AP présent à l'exécution, Mikal Mahdi était attaché à une chaise, une cible rouge placée sur son cœur et la tête recouverte d'une cagoule. Trois employés de la prison composant le peloton d'exécution se tenaient à environ 4,5 mètres de lui. Après les tirs, le détenu a crié, puis a gémi deux fois environ 45 secondes plus tard. Il aurait continué de respirer pendant quelque 80 secondes. Sa mort a été déclarée quatre minutes après les coups de feu.

Les irrégularités constatées

Les règles en Caroline du Sud stipulent que les tireurs doivent viser «le cœur (...) en utilisant des munitions conçues pour infliger un maximum de dégâts, et ainsi arrêter immédiatement le cœur». Or, selon le rapport d’autopsie commandé par le Département des services correctionnels de Caroline du Sud (SCDC), Mahdi ne présentait que deux blessures par balle, et non trois. Et les projectiles ont en grande partie manqué le cœur avant de toucher le pancréas, le foie et la partie inférieure des poumons, affirment les avocats du détenu. Ceux-ci ont soumis ces documents à la Cour suprême de Caroline du Sud jeudi.

Les conclusions du médecin légiste

Selon le Dr Arden, le médecin légiste ayant réalisé l’autopsie pour le compte de l’État, Mahdi a subi «un processus de mort plus prolongé que ce qui était attendu si l’exécution avait été menée avec succès conformément au protocole». Il a enduré «une douleur et une souffrance conscientes atroces pendant environ 30 à 60 secondes», affirme le spécialiste.

Les questions soulevées par les avocats

«Parmi les questions qui subsistent: un membre de l’équipe d’exécution a-t-il complètement manqué sa cible? N’a-t-il pas tiré du tout? Comment les deux autres, qui ont bien tiré sur Mikal Mahdi, ont-ils pu rater son cœur?», ont écrit les avocats de Mahdi à la cour. Chrysti Shain, directrice de la communication du SCDC, a «vigoureusement réfuté» les affirmations des avocats du quadragénaire. Elle a déclaré que les trois armes avaient tiré simultanément et qu’aucun fragment n’avait été retrouvé dans la salle. La responsable a ajouté que l’autopsie avait conclu que les trois balles avaient atteint le cœur de Mahdi avant de toucher d’autres organes.

Cette exécution ratée soulève de nombreuses questions sur l'efficacité et l'éthique de la méthode par peloton d'exécution, relançant ainsi le débat sur la peine de mort aux États-Unis.