L’état de guerre s’installe entre l’Inde et le Pakistan: New Delhi a accusé vendredi Islamabad d’une nouvelle vague de frappes nocturnes sur son territoire, en dépit des nombreux appels internationaux à la désescalade.
Les attaques entre les deux puissances nucléaires ont causé la mort d’une cinquantaine de civils depuis les frappes indiennes menées mercredi sur le sol pakistanais en représailles à l’attentat commis le 22 avril dans la partie indienne du Cachemire. L’Inde accuse le Pakistan de soutenir le groupe jihadiste qu’elle soupçonne d’avoir assassiné 26 personnes dans la ville touristique de Pahalgam. Islamabad a fermement démenti toute implication. Les tirs de missiles indiens ont été immédiatement suivis d’une riposte pakistanaise, entraînant les deux pays dans leur confrontation militaire la plus meurtrière depuis plus de deux décennies.
Attaques et ripostes: les opérations militaires s’intensifient
Escalade des tensions
Vendredi matin, l’Inde a rapporté de «multiples attaques» de drones et de tirs pakistanais au cours de la nuit «tout le long de la frontière». «Les attaques de drones ont été repoussées et fait l’objet d’une réponse appropriée», a ajouté l’armée. Le Pakistan n’a pas immédiatement réagi.
Lors de ces attaques, une civile a été tuée par un tir de mortier dans le secteur d’Uri, a indiqué une source policière sous couvert d’anonymat. Le dernier bilan publié jeudi par les autorités indiennes faisait état de 16 morts civils. De son côté, le Pakistan déplorait 32 morts dans les rangs de sa population.
Mesures de sécurité
Les écoles ont été fermées dans tout le Cachemire indien ainsi que dans les régions frontalières du Pakistan, des Etats voisins du Penjab et du Rajasthan. Un total de 24 aéroports du quart nord-ouest de l’Inde ont été fermés pour des raisons de sécurité.
Jeudi soir, la partie indienne du Cachemire, dont les deux pays revendiquent l’entière souveraineté, a été secouée par de nombreuses explosions. New Delhi les a aussitôt attribuées à une série de frappes de drones et de missiles pakistanais visant des installations militaires. «Pas de pertes. La menace a été neutralisée», a affirmé le ministère indien de la Défense.
Réactions internationales
Plus tôt dans la journée, c’est Lahore, la grande ville pakistanaise frontalière de l’Inde, qui s’était réveillée au bruit des explosions. L’Inde a confirmé avoir «neutralisé» la défense aérienne qui y était déployée, en réponse à une attaque nocturne de «missiles et de drones pakistanais» qui visait des «cibles militaires». L’armée pakistanaise a de son côté assuré jeudi avoir abattu 29 drones envoyés par l’Inde sur au moins neuf villes, certaines abritant des QG militaires ou du renseignement, comme Rawalpindi, la ville-jumelle de la capitale Islamabad. Le ministre pakistanais des Affaires étrangères Ishaq Dar a affirmé que les drones «ont tenté d’attaquer des sites militaires» et ont «visé des civils», en tuant un et blessant quatre soldats.
Malgré cette succession d’opérations militaires, les deux pays rivaux continuent publiquement à démentir toute intention agressive.
Le ministre pakistanais de l’Information Attaullah Tarar a accusé les médias indiens de «désinformation». «Nous n’avons fait jusque-là que nous défendre !», a-t-il souligné. Le ministre indien des Affaires étrangères, Subrahmanyam Jaishankar, a lui aussi déclaré qu’il n’était «pas dans l’intention» de son pays de «causer une nouvelle escalade». Mais a promis une «réponse très ferme» en cas de nouvelle attaque.
Appels à la désescalade
Dans ce climat de guerre, les appels répétés de nombreuses capitales étrangères à la retenue ont de plus en plus de mal à se faire entendre. Le vice-président américain J.D. Vance a à son tour appelé jeudi à la «désescalade». «Nous n’allons pas nous impliquer dans une guerre qui n’est fondamentalement pas notre affaire», a-t-il toutefois ajouté lors d’un entretien sur Fox News. Après une visite à Islamabad, le ministre iranien des Affaires étrangères Abbas Araghchi a poursuivi jeudi sa mission de médiation à New Delhi. L’Iran est «prêt à faire tous les efforts pour aider à réduire les tensions», a-t-il déclaré à l’issue de sa visite.
Guerre de l'information
La confrontation entre les deux pays fait également rage sur le front de l’information. L’Inde a ordonné jeudi à X de bloquer plus de 8000 comptes, dont ceux de médias internationaux. Le réseau social a dit s’y être conformé à contrecœur, dénonçant une «censure».
Vagues de drones
Les attaques de drones ont été un élément central de cette escalade, avec des frappes répétées de part et d’autre de la frontière. Les deux pays ont utilisé cette technologie pour cibler des installations militaires et des infrastructures stratégiques, augmentant ainsi la tension et le risque de conflit ouvert.
«Pas notre affaire»
Malgré les appels à la désescalade, les États-Unis ont clairement indiqué qu’ils ne souhaitaient pas s’impliquer directement dans ce conflit. Cette position reflète une tendance générale des grandes puissances à éviter de s’engager dans des conflits régionaux complexes, préférant encourager les parties à résoudre leurs différends par la diplomatie.
En conclusion, la situation entre l’Inde et le Pakistan reste extrêmement tendue, avec des opérations militaires intenses et des pertes civiles importantes. Les appels internationaux à la retenue semblent avoir peu d’impact, et la guerre de l’information ajoute une couche supplémentaire de complexité à ce conflit déjà explosif.