La scène se passe sur une place de jeu de Rochester (Minnesota), le 28 avril. Sharmake Omar, un homme d'origine somalienne, dégaine son téléphone portable après avoir entendu une mère de famille insulter un petit garçon noir. L'homme au portable interpelle Shiloh Hendrix, l'accusant d'avoir traité l'enfant de «niggar» (ndlr: «nègre»), un terme haineux et tabou aux États-Unis. La femme blonde, qui tient son fils dans ses bras, esquive d'abord le sujet, se contentant de tirer la langue, puis de faire un doigt d'honneur à son interlocuteur.
Shiloh Hendrix finit par confirmer avoir utilisé ce mot, qu'elle répète plusieurs fois. «Il a pris les affaires de mon fils. S'il se comporte comme tel, il mérite» d'être qualifié de «nègre», se justifie alors la mère de famille. «Vous savez que c'est un vocabulaire haineux et que vous pouvez avoir des ennuis pour ça?», poursuit l'homme. «J'en ai rien à foutre», rétorque l'Américaine. Postée sur TikTok, la vidéo devient virale, suscitant la réaction indignée de la municipalité de Rochester, raconte le «Washington Post». La police «recueille des informations et étudie activement l’affaire», pouvait-on lire le 2 mai, sur la page Facebook de la ville.
Réactions et soutiens en ligne
Cagnotte pour la famille de l'enfant insulté
Le même jour, l‘Association nationale pour la promotion des gens de couleur (NAACP) a lancé, avec l'accord de la famille de l'enfant insulté, une cagnotte en ligne pour les aider à obtenir réparation après l'incident. La collecte a été fermée dès le lendemain, à la demande de la famille, après avoir réuni 341'000 dollars.
Shiloh Hendrix se présente comme victime
Mais la vague de soutien, c'est surtout pour Shiloh Hendrix qu'elle a déferlé. Le 1er mai, la mère de famille a créé, elle aussi, une cagnotte en ligne, se présentant comme une victime de doxxing, sans évoquer les propos racistes qu'elle a tenus.
«Je m’appelle Shiloh et je me trouve dans une situation très difficile. Un enfant a récemment volé dans le sac à langer de mon fils de 18 mois dans un parc. J’ai traité le gamin de ce qu’il était. Un autre homme a commencé à m’enregistrer et à me suivre jusqu’à ma voiture. Il a ensuite mis ces vidéos en ligne, ce qui a causé un grand désarroi à ma famille et à moi-même. Mon numéro de décurité sociale a fuité. Mon adresse et mon numéro de téléphone ont été divulgués ouvertement», a-t-elle écrit sur son appel aux dons.
Soutien des suprémacistes blancs
En l'espace de quatre jours, la cagnotte ouverte par Shiloh Hendrix a récolté la somme astronomique de 730'000 dollars (ndlr: ça continue de grimper) et dans la section des commentaires, les suprémacistes blancs se sont déchaînés. «Nous devons assurer l’existence de notre peuple et un avenir aux enfants blancs», a notamment écrit quelqu'un sous le pseudonyme «Hiterally Litler».
Des images générées par l'intelligence artificielles présentaient la mère de famille comme une héroïne ou représentaient des visuels de pierres tombales où l'on pouvait lire «la mort de la culpabilité des Blancs». Le cofondateur de GiveSendGo, Jacob Wells, a fini par désactiver les commentaires «en raison du volume inacceptable de remarques racistes et désobligeantes». En parallèle sur X, le hashtag #IStandWithShiloh («Je soutiens Shiloh») circule.