La vigueur du franc suisse met la Banque nationale suisse (BNS) sous pression. Face aux incertitudes économiques mondiales, provoquées par les droits de douane imposés par Donald Trump, les investisseurs se ruent vers la devise helvétique, considérée comme un refuge. Résultat: le franc a atteint son plus haut niveau face au dollar depuis dix ans, s’échangeant à 1,21 dollar.
Cette hausse met sous pression l'industrie exportatrice suisse, car ses produits deviennent plus chers à l’international. Du coup, Martin Schlegel, président de la BNS, pourrait décider d'affaiblir notre franc en le vendant massivement contre des dollars et des euros. Une manœuvre risquée. Car Washington pourrait y voir une manipulation monétaire, comme ce fut le cas lors du premier mandat de Trump. La Suisse avait alors été inscrite sur sa liste des présumés manipulateurs de devises.
Le spectre des taux d'intérêt négatifs
Une situation délicate pour la BNS
La BNS, dont les réserves ont déjà fondu de 25 milliards cette année, est dans une «situation incroyablement difficile», estime Kit Juckes, stratégiste chez Société Générale, interrogé par le «Financial Times». Les analystes jugent donc probable qu'elle baisse son taux directeur, «la seule piste possible diplomatiquement» pour contrôler le franc, selon un expert. Pour rappel, le taux directeur définit à quel taux les banques commerciales peuvent emprunter auprès de la BNS.
Des prévisions inquiétantes pour les marchés
Déjà abaissé à 0,25% fin mars, le taux pourrait tomber à zéro en juin, selon les marchés qui estiment ce scénario probable à 80%. Un passage sous zéro au cours de l'année n'est pas exclu, selon les analystes. La BNS avait d'ailleurs elle-même déjà évoqué la possibilité de taux d'intérêts négatifs.
Les conséquences potentielles des taux négatifs
Les taux d'intérêt négatifs pourraient avoir des répercussions significatives sur l'économie suisse. Voici quelques points à considérer:
- Impact sur les épargnants: Les taux négatifs pourraient décourager l'épargne, car les dépôts bancaires pourraient générer des coûts plutôt que des intérêts.
- Effet sur les banques: Les banques commerciales pourraient voir leurs marges bénéficiaires réduites, ce qui pourrait affecter leur rentabilité.
- Stimulation de l'économie: Les taux négatifs pourraient encourager les entreprises et les consommateurs à emprunter davantage, stimulant ainsi la consommation et l'investissement.
- Risque de bulle immobilière: Des taux d'intérêt très bas pourraient entraîner une hausse des prix de l'immobilier, créant une bulle immobilière.
En conclusion, la BNS se trouve face à un dilemme complexe. D'un côté, elle doit contrôler la valeur du franc pour soutenir les exportations suisses. De l'autre, elle doit naviguer prudemment pour éviter les accusations de manipulation monétaire et les conséquences économiques potentiellement négatives des taux d'intérêt négatifs.