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Le Portugal en campagne pour des législatives anticipées le 18 mai


Le gouvernement sortant de droite modérée est favori, mais la stabilité politique reste incertaine. Les sondages montrent une course serrée entre l'Alliance démocratique, le Parti socialiste et Chega.

Le Portugal en campagne pour des législatives anticipées le 18 mai

Le Portugal entre officiellement dimanche en campagne électorale pour les législatives anticipées du 18 mai. Le gouvernement sortant de droite modérée fait figure de favori, mais sans la garantie qu’une victoire assurerait la stabilité du prochain exécutif.

Le scrutin de mars 2024 avait vu le pays basculer à droite après huit années de gouvernements socialistes, mais la coalition emmenée par le Premier ministre Luis Montenegro, un juriste de 52 ans, ne disposait pas de majorité au Parlement, où elle a perdu un vote de confiance en mars sur fond de soupçons de conflit d’intérêt.

Une Course Électorale Incertaine

Les Sondages et les Alliances

D’après les enquêtes, son Alliance démocratique (AD) est désormais créditée de 32,5% des intentions de vote, contre 27,3% pour le Parti socialiste (PS) et 17% pour la formation d’extrême droite Chega ("Assez"), selon un agrégateur de sondages fourni par la Radio Renascença.

Mais la coalition gouvernementale a cette fois-ci «fait le pari d’obtenir une majorité absolue» en négociant le soutien d’une formation libérale créditée de 7% des voix, souligne la politologue Marina Costa Lobo, de l’Institut des sciences sociales (ICS) de l’Université de Lisbonne. «Mais même cela peut ne pas suffire et, par conséquent, la question de la stabilité gouvernementale est absolument centrale», insiste-t-elle.

Les Défis de Luis Montenegro

Luis Montenegro, qui continue d’exclure tout accord avec l’extrême droite, a mis en garde les électeurs contre ce scénario. «Si nous n’arrivons pas à garantir la stabilité le jour des élections, le lendemain sera beaucoup plus complexe», a-t-il reconnu.

«En ce moment, Luis Montenegro est le principal facteur d’instabilité politique au Portugal», lui répond le socialiste, Pedro Nuno Santos, en référence à de nouvelles révélations dans l’affaire qui a provoqué la chute du gouvernement.

Accusé de conflit d’intérêts concernant l’activité d’une société de conseil qu’il avait créée avant de la mettre au nom de ses enfants, le Premier ministre avait alors préféré se soumettre à un vote de confiance au Parlement, qu’il a perdu, plutôt que de répondre devant la commission d’enquête parlementaire.

M. Montenegro a beau répéter qu’il n’a commis aucune infraction, ce scandale a continué de marquer la période de pré-campagne.

Les Critiques de l'Opposition

La gestion de la méga-panne d’électricité qui a touché la péninsule ibérique lundi dernier a également fourni des arguments à l’opposition pour attaquer le gouvernement. Le candidat socialiste a aussi mis en avant la situation économique du Portugal, qui a vu son PIB reculer de 0,5% au premier trimestre «pire résultat économique depuis 2021, l’année de la pandémie».

Sans réagir à ces données, le gouvernement a choisi d’annoncer samedi que son durcissement de la politique migratoire permettrait le renvoi d’un premier contingent de 18'000 immigrés en situation irrégulière.

Les Thèmes Centraux de la Campagne

Avec la crise du logement, la question de l’immigration est devenue centrale dans le débat politique au Portugal, où la population étrangère a été multipliée par quatre depuis 2017, et atteint désormais environ 15% de la population.

«La corruption et l’éthique, avec l’immigration, sont des thèmes centraux au Portugal et cela donne une marge de croissance à Chega», note la politologue Marina Costa Lobo.

Le parti de droite radicale dirigé par André Ventura, 42 ans, avait réalisé l’an dernier une nouvelle percée électorale, confirmant son statut de troisième force politique du pays avec 18%.

PIB en baisse

Le PIB du Portugal a reculé de 0,5% au premier trimestre, ce qui représente le pire résultat économique depuis 2021, l’année de la pandémie. Cette situation économique fragile ajoute une couche supplémentaire de complexité à la campagne électorale, où les enjeux économiques et sociaux sont au cœur des débats.