L’exposition «Benzine Cyprine», de l’artiste Kamille Lévêque Jego, a été vandalisée fin avril, suscitant une «profonde inquiétude» dans le milieu de la photographie. Des destructions et des sexes masculins tagués sur des murs ont été constatés, témoignant d’une intolérance inquiétante et d’un climat de pression et de rejet visant les femmes qui osent prendre la parole.
Un acte de vandalisme qui suscite l'indignation
Réactions du milieu de la photographie
Le saccage des œuvres évoquant les violences faites aux femmes à Nîmes a suscité une «profonde inquiétude» dans le milieu de la photographie. Un communiqué transmis samedi à l’AFP dénonce ces agissements intolérables. Le Réseau LUX, le Réseau Diagonal et les Filles de la Photo ont exprimé leur indignation face à ces actes de vandalisme.
«Ces agissements intolérables engendrent un climat de pression et de rejet visant les femmes qui osent prendre la parole» et «témoignent plus largement d’une intolérance inquiétante, où les discours et opérations sexistes, racistes ou réactionnaires se banalisent et cherchent à censurer», dénoncent ces organisations.
Détails du vandalisme
Dans la nuit du 25 au 26 avril, la galerie photographique Negpos, qui accueille l’exposition «Benzine Cyprine» de l’artiste Kamille Lévêque Jego, a été vandalisée. Des destructions, des sexes masculins tagués sur des murs et des photos ont été constatés.
«J’ai découvert des inscriptions, des dessins obscènes sur les murs, des œuvres détruites et piétinées. Ces dessins explicites montrent que c’est le fait d’hommes qui ne supportent pas l’expression libre et le travail des femmes, c’est flagrant», déplore Patrice Loubon, directeur de la galerie photographique Negpos, interrogé par l’AFP. «J’ai également reçu des menaces et des insultes par téléphone», ajoute-t-il. Il espère inaugurer à nouveau l’exposition dès que possible.
Réactions de l'artiste et de la ville
L’artiste, qui s’est dite «atterrée», estime sur Instagram que «nous avons tellement besoin de visibilité pour faire comprendre quelles sont les violences systémiques et insidieuses à l’encontre du féminin».
«Les éléments dégradés évoquaient et dénonçaient à juste titre les conditions auxquelles se trouvent confrontées, en tous temps et en tous lieux, les femmes, jusque sous nos latitudes», s’indigne de son côté la ville dans un communiqué. Et pour l’adjoint délégué à la Culture, Daniel-Jean Valade, ces dégradations «témoignent de l’étroitesse d’esprit du délinquant qui a commis ce forfait, et surtout de son imbécilité».
Enquête en cours
Vendredi, des prélèvements ont été effectués par la police scientifique pour les besoins de l’enquête, selon le galeriste. Contacté par l’AFP, le parquet de Nîmes n’était pas joignable dans l’immédiat. Le 17 avril, un incendie, d’origine électrique, avait déjà endommagé une partie des lieux. Et dans la nuit du 18 au 19 avril, une première intrusion avec des vols de matériel avait eu lieu.
«Je travaille dans ce secteur depuis une trentaine d’années, je n’ai jamais ressenti autant de censures. On n’était pas si inquiets, à tort. Je ne pensais pas qu’il y aurait une deuxième intrusion», témoigne le directeur de cet établissement dépourvu de caméra de surveillance. Centre d’art et de la photographie, Negpos existe à Nîmes depuis 28 ans.
Destructions et tags de pénis
Les actes de vandalisme ont inclus des tags de pénis et des destructions d’œuvres, ce qui montre clairement l’intention de censurer et de dénigrer le travail des femmes artistes.
«Imbécilité» et «étroitesse d’esprit»
Les réactions des autorités locales et des professionnels du milieu de la photographie soulignent l’imbécilité et l’étroitesse d’esprit des auteurs de ces actes, qui cherchent à réduire au silence les voix féministes.
«Jamais ressenti autant de censures»
Le directeur de la galerie Negpos, Patrice Loubon, exprime son inquiétude face à la montée des censures et des pressions contre les artistes féministes. Il espère que l’exposition pourra être réinaugurée rapidement pour continuer à sensibiliser le public aux violences faites aux femmes.