Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a dit refuser de «jouer» avec les courtes trêves de son homologue russe Vladimir Poutine, dont l’une lors des commémorations de la Seconde Guerre mondiale à Moscou, y voyant des délais trop courts pour des pourparlers sérieux. Le Kremlin, pour sa part, a assuré que ce cessez-le-feu, proposé par Vladimir Poutine du 8 au 10 mai, permettrait de «tester» la disposition de Kiev à la paix.
«C’est impossible de s’entendre sur quelque chose en trois, cinq ou sept jours. Soyons honnêtes. C’est une performance théâtrale de sa part. En deux ou trois jours, il est impossible de trouver un plan pour établir les prochaines étapes pour terminer la guerre. Cela ne semble pas sérieux», a lancé Volodymyr Zelensky. Il n’a toutefois pas dit clairement que Kiev rejetait cette trêve de trois jours proposé par Moscou à l’occasion des célébrations des 80 ans de la victoire contre l’Allemagne nazie.
Les positions des deux camps
La réaction de Kiev
Le dirigeant ukrainien s’est exprimé vendredi soir devant des journalistes, dont ceux de l’AFP. Ces déclarations étaient sous embargo jusqu’à samedi. Des discussions séparées entre Moscou et Kiev, menées par Washington, se prolongent depuis plus de deux mois et peinent, pour l’heure, à aboutir à des résultats pour trouver une issue au conflit déclenché par l’invasion russe de l’Ukraine en février 2022.
Kiev demande «un cessez-le-feu total et inconditionnel» comme prérequis à toute négociation avec la Russie, qui, elle, répète être prête à négocier avec l’Ukraine, mais se montre en revanche réticente sur une trêve prolongée. Car Moscou, dont l’armée a actuellement l’avantage sur le front, dit craindre qu’un cessez-le-feu ne permette à Kiev de reprendre des forces, avec le soutien militaire de ses alliés.
La position de Moscou
Vladimir Poutine avait déjà décrété un court cessez-le-feu lors du week-end de Pâques en avril, qui avait conduit à une baisse des combats sans être totalement respecté par les deux camps. «L’objectif de la trêve de Pâques proposée par la Russie (en avril, NDLR), ainsi que de l’initiative actuelle de déclarer une trêve lors des célébrations des 8, 9 et 10 mai, est de tester la disposition de Kiev à trouver une voie pour une paix durable à long terme», a déclaré samedi le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, lors d’un briefing.
Les célébrations du 9 mai
Cette année, les dirigeants d’une vingtaine de pays doivent se tenir aux côtés de Vladimir Poutine le 9 mai, dont les présidents chinois Xi Jinping et brésilien Luiz Inacio Lula da Silva, ainsi ceux d’alliés traditionnels de Moscou tels que le Kazakhstan, le Belarus, Cuba ou encore le Venezuela.
Volodymyr Zelensky a indiqué que Kiev ne pourrait garantir «la sécurité» des dirigeants présents. «On ne sait pas ce que la Russie fera à cette date. Elle pourrait prendre différentes mesures, comme des incendies, des explosions, et ensuite nous accuser», a avancé le président ukrainien. La porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, a ensuite dénoncé ces propos, assurant que Volodymyr Zelensky proférait une «menace directe» à «la sécurité physique des vétérans qui viendront aux parades et aux célébrations de ce jour sacré».
En Ukraine, l’annonce par Vladimir Poutine de cette trêve a été perçue par des observateurs comme un moyen d’empêcher des frappes ukrainiennes pouvant potentiellement perturber les cérémonies.
Points clés de la situation
- Volodymyr Zelensky estime que les courtes trêves proposées par Vladimir Poutine ne sont pas sérieuses.
- Le Kremlin voit ces trêves comme un moyen de tester la disposition de Kiev à la paix.
- Kiev demande un cessez-le-feu total et inconditionnel avant toute négociation.
- Moscou craint qu’un cessez-le-feu prolongé permette à Kiev de reprendre des forces.
- Les célébrations du 9 mai à Moscou rassembleront des dirigeants de plusieurs pays.
- Zelensky met en garde contre des mesures potentiellement dangereuses de la part de la Russie lors de ces célébrations.
La situation reste tendue entre les deux pays, avec des discussions en cours mais peu de progrès concrets vers une résolution du conflit.