Les Australiens ont commencé à voter samedi aux élections législatives au terme d’une campagne marquée par le pouvoir d’achat, l’environnement et les droits de douane américains, un scrutin qui décidera de l’avenir du travailliste Anthony Albanese, à la tête du gouvernement depuis trois ans.
De part et d’autre du pays océanien, des localités désertiques aux villes côtières, les Australiens sont appelés à choisir entre les camps de deux vieux routiers de la vie politique nationale, le premier ministre de centre gauche et son adversaire conservateur Peter Dutton.
Un choix crucial entre deux visions politiques
Le Parti travailliste en tête des sondages
Le Parti travailliste d’Anthony Albanese semble favori, d’après les dernières enquêtes d’opinion. «Personne ne peut nier que nous sommes dans une époque incertaine. Et en des temps d’incertitude, nous voyons habituellement les électeurs se tourner vers les gouvernements sortants», rappelle la sondeuse Michele Levine de la société Roy Morgan.
Déroulement du scrutin
Les bureaux de vote ont ouvert à 08 h 00 locales vendredi (00 h 00 suisses) et le resteront jusqu’à 18 h 00 locales dans les différents fuseaux horaires que compte le pays-continent. Objectifs du scrutin: choisir les 150 membres de la prochaine législature de la chambre basse et renouveler environ la moitié du Sénat.
Les promesses des candidats
Anthony Albanese, 62 ans, a promis de développer les énergies renouvelables, lutter contre la crise du logement et financer davantage le système de santé. «Dans les sondages, il y a beaucoup d’électeurs indécis. Nous devons soulever des montagnes», a-t-il admis vendredi, à la veille du scrutin.
Peter Dutton, chef du Parti libéral, a, lui, prédit «beaucoup de surprises, siège après siège», affirmant n’avoir «pas rencontré un seul Australien lors de cette campagne qui ait dit aller mieux» qu’en 2022, lors des dernières législatives. Cet ancien policier de la brigade des stupéfiants de 54 ans dit vouloir réduire l’immigration, s’attaquer à la délinquance et se débarrasser d’une interdiction du nucléaire civil dans le pays.
L'impact de la politique américaine
La campagne électorale a été bousculée dès ses premiers jours par l’offensive commerciale du président américain Donald Trump: l’Australie, alliée de longue date des États-Unis, fait l’objet de droits de douane américains de 10% sur une grande partie de ses marchandises.
Certains sondages indiquent que le soutien aux conservateurs s’est amoindri en raison de la politique de Donald Trump, qualifié de «grand penseur» par Peter Dutton au début de l’année. Anthony Albanese a pour sa part condamné les surtaxes américaines, y voyant un acte d’«autodestruction économique» et un «geste indigne de la part d’un (pays) ami».
Les préoccupations économiques
L’économie préoccupe les électeurs, de nombreux ménages australiens peinant à faire face à l’augmentation des prix du lait, du pain, de l’électricité ou encore du pétrole. Anthony Albanese et Peter Dutton font tous deux valoir leurs origines populaires – sans être parvenus à donner le prix exact d’une douzaine d’œufs lors d’un débat télévisé.
Le défi climatique
Les électeurs d’Australie, géant de la production de charbon, doivent aussi départager deux dirigeants aux visions contrastées sur le changement climatique et la réduction des émissions de gaz à effet de serre.
Le gouvernement travailliste d’Anthony Albanese a promis de faire de l’Australie une superpuissance des énergies renouvelables même s’il a accordé des permis à de nouveaux projets miniers et des subventions à des industries polluantes. Peter Dutton propose en revanche de construire sept réacteurs nucléaires et de se détourner dans le même temps des énergies renouvelables.
L'enjeu de la majorité
L’enjeu du scrutin est aussi de savoir si le camp vainqueur décrochera une majorité ou non, au risque de devoir composer avec des formations minoritaires. Le désintérêt croissant des électeurs vis-à-vis des deux grands partis a enhardi des formations indépendantes réclamant davantage de transparence et des mesures sur le climat.
Avec des enjeux aussi variés que le pouvoir d’achat, l’environnement et les relations internationales, ces élections législatives australiennes promettent d’être déterminantes pour l’avenir du pays.