Le meurtrier d’Aboubakar Cissé, un jeune Malien de 22 ans, a agi «dans un contexte isolé», guidé par une «envie obsessionnelle de tuer» qu’il avait largement partagée sur les réseaux sociaux. Juste avant de s’en prendre à sa victime dans une mosquée, il aurait déclaré «il est noir, je vais le faire», selon le parquet.
Olivier Hadzovic, un Français de 20 ans, a «agi dans un contexte isolé, sans revendication idéologique ou lien avec une organisation», a déclaré la procureure de Nîmes, Cécile Gensac. Les motivations de l’agresseur semblent profondément personnelles, marquées par une «fascination morbide» et une envie obsessive de tuer, peu importe la cible.
Un acte isolé sans mobile clair
Des indices troublants sur les réseaux sociaux
Rien ne permet pour l’heure d’expliquer pourquoi Olivier Hadzovic a choisi d’entrer dans cette mosquée et d’agresser cette personne précise. La magistrate a rappelé le témoignage d’une jeune femme qui avait signalé les contenus en ligne du futur meurtrier, où il avait fait part, depuis un an déjà, «d’envies de viol de femmes, de meurtres ou de viols de cadavre».
Les échanges sur Discord
Le matin des faits, le 25 avril, peu après 09h00, Olivier Hadzovic a échangé des messages sur un groupe de discussion sur la plateforme Discord, fréquenté par cette jeune femme. Voici quelques extraits de ces échanges :
- «Je vais le faire aujourd’hui, je vais le faire dans la rue».
- «Tu le connais ?», lui répond un interlocuteur.
- «Non», répond-il. «Je vais m’attaquer à la mosquée ? Je n’ai pas trop d’idée».
Puis, une fois sur place, il lâche : «Il est noir (NDLR: évoquant sa future victime), je vais le faire».
Les premières investigations
Les premières investigations dressent le portrait d’un jeune homme né à Béziers, dans le département voisin de l’Hérault, issu d’une famille chrétienne non pratiquante de 11 enfants. Olivier Hadzovic était un consommateur de vidéos violentes, notamment de personnes se scarifiant en direct, a précisé la magistrate.
Pas de qualification terroriste
À ce stade, le parquet national antiterroriste (Pnat) n’a pas retenu la qualification terroriste, a confirmé la procureure de Nîmes. Cependant, cela ne signifie pas «une relativisation de la gravité des faits». Les avocats de la famille Cissé ont annoncé leur intention de déposer une plainte avec constitution de partie civile pour que l’enquête soit requalifiée en assassinat terroriste.
Remise à la France et réactions
Le meurtrier, qui s’est rendu dimanche soir dans un commissariat près de Florence, en Italie, devrait «sous toute réserve» être remis à la France «d’ici la fin de la semaine prochaine», selon Mme Gensac.
Avant l’enterrement, prévu au Mali, le cercueil sera accueilli lundi à 11h00 à la Grande Mosquée de Paris. Le même jour, la famille d’Aboubakar Cissé sera reçue par Bruno Retailleau, en même temps que des représentants du Haut conseil des Maliens de France, a confirmé le ministre de l’Intérieur à Metz vendredi.
«On vient le tuer à l’intérieur de la mosquée, pendant qu’il est en train de faire la prière, de plusieurs coups de couteaux. On insiste sur le crime, on le filme et on le diffuse sur les réseaux sociaux et ça ne choque personne au niveau de nos responsables politiques», a dénoncé Abdelghani Bentrari, président de la mosquée de Tremblay.
«Mon fils, il est fou. C’est 100% pas normal ce qu’il a fait. Je m’excuse pour la famille ... Je suis désolé», a déclaré de son côté vendredi à BFMTV un homme se présentant comme le père du suspect.
Cet acte tragique soulève de nombreuses questions sur la radicalisation en ligne et la surveillance des contenus violents partagés sur les réseaux sociaux. Les autorités continuent d’enquêter pour comprendre les motivations précises de cet acte isolé et déterminer les mesures à prendre pour prévenir de tels drames à l’avenir.