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L'AfD classé «extrémiste de droite» par le renseignement allemand


L'Office de protection de la Constitution juge l'idéologie de l'AfD incompatible avec l'ordre démocratique. Le parti promet de se défendre juridiquement.

L'AfD classé «extrémiste de droite» par le renseignement allemand

Le parti Alternative pour l’Allemagne (AfD) a été classé «extrémiste de droite» par le renseignement intérieur allemand, une décision qui relance le débat sur son éventuelle interdiction à quelques jours de l’investiture de Friedrich Merz au poste de chancelier. L’idéologie de l’AfD «dévalorise des groupes entiers de la population en Allemagne et porte atteinte à leur dignité humaine», ce qui n’est «pas compatible avec l’ordre démocratique» du pays, a déclaré l’Office de protection de la Constitution vendredi dans un communiqué pour expliquer son verdict.

L’AfD a d’ores et déjà promis de «se défendre juridiquement» contre cette décision qui permet aux autorités d’utiliser plus facilement des moyens de surveillance et de contrôle, y compris des communications privées, de ses membres. Créé en 2013, ce parti a effectué une percée historique aux élections législatives du 23 février, en arrivant deuxième derrière les conservateurs avec un score de plus de 20%, le double du précédent.

Le classement de l'AfD en tant qu'extrémiste de droite

Contexte et réactions

Depuis, l’AfD a même dépassé dans certains sondages l’Union chrétienne-démocrate (CDU) de Friedrich Merz qui doit être élu chancelier mardi par les députés. En pleine campagne électorale, ce dernier avait été accusé d’avoir brisé le «cordon sanitaire» entourant l’extrême droite, lorsque députés conservateurs et de l’AfD avaient allié pour la première fois leurs voix afin de faire adopter un texte visant à durcir la politique migratoire.

Justifications de l'Office de protection de la Constitution

Pour défendre sa décision, l’Office souligne en particulier «l’attitude globalement hostile aux migrants et aux musulmans» de l’AfD qui «favorise la propagation et l’approfondissement de préjugés, ressentiments et peurs». Le service de renseignement «opère de manière autonome» et sa décision résulte d’«un examen exhaustif et neutre, consigné dans un rapport de 1100 pages», a dit la ministre de l’Intérieur Nancy Faeser devant la presse vendredi.

Réactions des chefs de l'AfD

Les chefs de l’AfD, Alice Weidel et Tino Chrupalla, ont quant à eux dénoncé «un coup dur pour la démocratie allemande», assurant que leur parti «continuera à se défendre juridiquement contre ces diffamations (...)". Tout ceci constitue un petit séisme compte tenu de l’ascension de cette formation, qui rêve de prendre le pouvoir à l’issue des prochaines législatives, en 2029.

Implications et débats futurs

Les services de renseignements intérieurs allemands avaient déjà classé «extrémistes» l’organisation de la jeunesse et plusieurs branches régionales de l’AfD mais son classement global au niveau fédéral revêt une dimension supérieure. La décision de l’Office de protection de la Constitution a d’ores et déjà relancé le débat sur une éventuelle interdiction de ce parti, déjà évoquée ces derniers mois par certains responsables politiques.

«Il n’existe aucun automatisme» après un classement de ce type, a souligné Nancy Faeser. Si elle ne doit «pas être exclue», la perspective d’une «procédure d’interdiction de l’AfD se heurte, pour de bonnes raisons, à des obstacles constitutionnels très élevés». Elle exige que le Bundestag, le Bundesrat – les deux chambres du Parlement – ou le gouvernement allemand dépose une plainte très motivée auprès de la Cour constitutionnelle de Karlsruhe.

En déplacement à Hanovre, le chancelier sortant Olaf Scholz a d’ailleurs mis en garde, selon le journal «Bild», contre «une décision précipitée», les juges suprêmes ayant déjà rejeté toutes les récentes demandes d’interdiction.

Points clés à retenir

  • L'AfD a été classé «extrémiste de droite» par le renseignement intérieur allemand.
  • L'idéologie de l'AfD est jugée incompatible avec l'ordre démocratique.
  • L'AfD promet de se défendre juridiquement contre cette décision.
  • Le débat sur l'interdiction de l'AfD est relancé.
  • Le processus d'interdiction est complexe et soumis à des obstacles constitutionnels élevés.

Cette décision marque un tournant important dans la politique allemande, alors que le pays se prépare à l'investiture de Friedrich Merz et à l'ascension continue de l'AfD dans les sondages.