Le député Daniel Grenon, ancien membre du Rassemblement National (RN), a été condamné à une amende de 3000 euros par le tribunal correctionnel de Sens (Yonne) pour avoir déclaré qu’un Maghrébin binational n’avait «pas sa place dans les hauts-lieux». Cette condamnation intervient dans un contexte de polémique et de débat national sur la binationalité.
Le tribunal a également ordonné le paiement de dommages-intérêts de 1500 euros pour chacune des trois parties civiles, à savoir le Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples (Mrap) de l’Yonne, la Ligue des droits de l’Homme (LDH) et la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (Licra). L’amende prononcée est le double des réquisitions initiales du ministère public, qui avait demandé 1500 euros.
La condamnation de Daniel Grenon
Les propos controversés
Le 1er juillet 2024, en plein débat national sur les binationaux et entre les deux tours des élections législatives où il briguait sa reconduction, Daniel Grenon avait déclaré : «Il y a des gens qui sont maghrébins, qui sont rentrés au pouvoir, en ministres etc. Alors, je sens que ces gens-là n’ont pas leur place dans les hauts lieux. Voilà. Bon, après, le maghrébin binational, il a sa place en France. Il l’a. Mais pas dans les hauts-lieux». Ces propos, prononcés lors d’un débat organisé par le journal local «L’Yonne républicaine», avaient suscité une vive polémique.
Réactions et conséquences politiques
Ces déclarations avaient provoqué une onde de choc, y compris au sein du Rassemblement National. Le président du parti, Jordan Bardella, avait qualifié ces propos d’«abjects» et avait classé Daniel Grenon parmi les «brebis galeuses» du parti. À l’automne dernier, Daniel Grenon avait été exclu du RN. Malgré cette polémique, il avait été réélu avec 51,38 % des voix.
Réactions des parties civiles
Agnès Cluzel, présidente du MRAP de l’Yonne, a exprimé son contentement après le jugement : «Ce qui nous semble important de marquer, c’est que le racisme de Daniel Grenon n’est pas soft. Il s’agit d’une idéologie ancrée dans son fonctionnement depuis des dizaines d’années», a-t-elle déclaré à l’AFP.
Florence Loury, candidate défaite de la gauche unie aux législatives face à Daniel Grenon, avait qualifié son adversaire de «raciste». L’avocat de Daniel Grenon, Jean-Marc Ponelle, avait défendu son client en affirmant que ses propos «ne relèvent pas de la haine raciale», évoquant le contexte politique d’alors, notamment dans le cadre des propositions de lois du RN sur la binationalité. Daniel Grenon, quant à lui, avait eu du mal à éclaircir le sens de ses propos, déclarant : «S’il y a un conflit, le binational peut décider de partir».
Contexte et implications
Cette affaire met en lumière les tensions et les débats autour de la binationalité en France. Elle souligne également les limites de la liberté d’expression lorsqu’il s’agit de discours pouvant être perçus comme discriminatoires ou racistes. La condamnation de Daniel Grenon envoie un message clair sur la nécessité de lutter contre toutes formes de discrimination.
En conclusion, la condamnation de Daniel Grenon pour ses propos controversés sur les Maghrébins binationaux marque une étape importante dans la lutte contre le racisme et la discrimination en France. Elle rappelle l’importance de la vigilance et de l’engagement continu pour promouvoir l’égalité et le respect entre tous les citoyens.