Ils se présentent comme «psy-coach», «psy-conseil» ou «psycho-praticien»: en France, des thérapeutes autoproclamés envahissent le secteur de la santé mentale, profitant d’une demande croissante et d’un manque de régulation, avec des risques importants de dérives.
«Cette thérapeute a failli me gâcher la vie», juge aujourd’hui Marie (prénom d’emprunt). Souffrant de blocages psychologiques affectant sa sexualité, la jeune femme de 25 ans est dirigée par sa kiné vers une sophrologue qui pratique l’hypnose. Pendant la deuxième séance, Marie a un flash: elle a deux ans et son grand-père semble lui faire des attouchements.
«J’étais complètement bouleversée, je lui demande ce que cela veut dire et elle me répond: «Vous avez été victime d’inceste, il n’y a aucun doute.» Après une autre séance où cette sophrologue lui prête «des dons de médium», Marie coupe les ponts. Huit mois plus tard, totalement perdue, elle consulte une psychologue. «Tout de suite, elle s’énerve et me dit: «L’hypnose n’est pas une vraie science!» Après un suivi approfondi, Marie pense désormais avoir été victime d’un faux souvenir induit.
Les dangers des pseudo-thérapeutes
Les faux souvenirs induits
Notion complexe, les faux souvenirs induits sont une conséquence de thérapies «qui peuvent être inadaptées ou véritablement déviantes», alerte dans son dernier rapport d’activité la Mission interministérielle de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes), qui a reçu plusieurs signalements similaires ces dernières années.
Un marché en pleine expansion
Selon l’organisme – rattaché au Ministère de l'intérieur –, la santé mentale est devenue «un marché en pleine expansion avec un large recours à des praticiens ou coachs adeptes de pratiques psychothérapeutiques non maîtrisées, pouvant causer des dommages psychologiques graves».
«Sur les réseaux professionnels ou de divertissement, énormément de personnes prétendent pouvoir soigner des problèmes de santé mentale en proposant des traitements comme des psychothérapies structurées, sans avoir aucune formation», s’inquiète Mickaël Worms-Ehrminger, docteur en santé publique, spécialisé dans les troubles mentaux.
Des signalements en hausse
La Miviludes observe ainsi «un doublement des signalements reçus depuis une dizaine d’années dans le domaine de l’autisme», autour de propositions alternatives de prise en charge, via «des compléments alimentaires, du cannabis ou des protocoles de chélation» (qui prétend «détoxifier» le corps en extrayant des métaux lourds de l’organisme), détaille le chef de la Miviludes, Donatien Le Vaillant. Plus récemment, un nouveau business s’est créé autour du burn-out maternel, ciblant les jeunes mères épuisées.
Manque de régulation
Ces thérapeutes autoproclamés prospèrent grâce au manque de régulation autour des titres reconnus par l’État: seuls les titres de psychologue, psychiatre et psychothérapeute sont protégés. «Il faut se défaire de l’image folklorique du gourou», plaide Catherine Katz, ex-magistrate et présidente de l’Union nationale de défense des familles et de l’individu victimes de sectes: le «gourou» d’aujourd’hui a «une plaque dorée», une «imagination sans limites».
La désertification médicale peut aussi bénéficier aux «coaches en tout genre», alors que «les temps d’attente» peuvent être «monstrueux» pour accéder à des soins psychiatriques «coûteux», relève Mickaël Worms-Ehrminger.
Les conséquences des thérapies inadaptées
Les conséquences de ces thérapies inadaptées peuvent être dramatiques. Les faux souvenirs induits, par exemple, peuvent causer des traumatismes supplémentaires et compliquer la guérison des patients. Il est donc crucial de sensibiliser le public aux dangers de ces pratiques et de promouvoir une régulation plus stricte dans le domaine de la santé mentale.
En conclusion, la prolifération des pseudo-thérapeutes représente un risque majeur pour la santé mentale des individus. Une meilleure régulation et une sensibilisation accrue sont nécessaires pour protéger les patients et garantir des soins de qualité.