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La justice bolivienne annule le mandat d'arrêt contre Evo Morales


La juge Lilian Moreno a annulé le mandat d'arrêt contre l'ancien président Evo Morales, relançant les débats avant la présidentielle d'août.

La justice bolivienne annule le mandat d'arrêt contre Evo Morales

La justice bolivienne a annulé mercredi le mandat d’arrêt contre l’ancien président Evo Morales, relançant ainsi les débats à l’approche de la présidentielle d’août. Cette décision intervient alors que Morales, malgré son inéligibilité, entend se présenter à l’élection. Le parquet avait ordonné en octobre l’arrestation du leader indigène de 65 ans, mais la police n’est jamais intervenue pour l’interpeller dans son fief du Chapare, dans le centre du pays.

La juge Lilian Moreno a annulé «toute ordonnance de rébellion et mandat d’arrêt judiciaire» pesant sur Morales, ainsi que «tous les actes de procédure et d’enquête» le visant. Cette décision fait suite à des accusations de traite de mineure, que Morales a toujours rejetées.

Une décision judiciaire controversée

Les accusations et leur contexte

Selon le parquet, Evo Morales aurait entretenu en 2015, alors qu’il était à la tête du pays, une relation avec une adolescente de 15 ans, avec le consentement de ses parents en échange d’avantages. Morales a toujours nié ces accusations, soulignant qu’une enquête dans la même affaire avait été classée sans suite en 2020. Une nouvelle enquête avait été ouverte en 2024, mais cette fois pour des faits de traite de mineure et non plus d’atteinte sexuelle sur mineure.

La juge Lilian Moreno et ses décisions

La juge Moreno a accepté l’argument de la défense selon lequel le bureau du procureur ne pouvait continuer à enquêter sur une affaire qui avait déjà été classée. Ce n’est pas la première fois que la magistrate croise le chemin judiciaire d’Evo Morales. En octobre 2024, elle avait déjà annulé un premier mandat d’arrêt émis par le parquet, une décision qui avait ensuite été annulée par une instance supérieure.

Réactions et conséquences

Le président du Conseil de la magistrature, Manuel Baptista, a immédiatement annoncé l’ouverture d’une enquête contre la juge Moreno. «Si cette décision judiciaire a été contraire à la loi, soyez assurés que ce fonctionnaire judiciaire sera sanctionné conformément à notre règlement», a-t-il déclaré auprès des médias locaux.

La défense de Morales a salué la décision. «L’ancien président peut sortir et se déplacer librement sur le territoire national […] puisque ses droits constitutionnels viennent d’être rétablis», a déclaré Jorge Pérez, l’avocat du leader des producteurs de coca, lors d’une conférence de presse.

Perspectives politiques

Evo Morales s’est toujours dit victime d’une «persécution judiciaire» de la part du gouvernement du président Luis Arce, son ancien ministre de l’Économie, alors qu’il entend revenir au pouvoir. Fin 2024, la Cour constitutionnelle a cependant confirmé l’interdiction pour un président d’exercer plus de deux mandats.

Luis Arce, 61 ans, a été désigné lundi par le parti de gauche au pouvoir, le Mouvement vers le Socialisme (MAS), comme son prétendant pour la présidentielle. Le président bolivien ne s’est cependant pas encore proclamé candidat. Il a jusqu’au 11 mai pour officialiser sa candidature éventuelle.

L’ensemble des sondages pré-électoraux le placent perdant. En 2020, il a été élu avec 55% des voix. Mais sa popularité est en berne car il est tenu responsable de la crise économique que traverse le pays.

Points clés de l'affaire

  • Evo Morales accusé d'avoir entretenu une relation avec une adolescente en 2015
  • L'affaire avait été classée sans suite en 2020
  • Nouvelle enquête ouverte en 2024 pour traite de mineure
  • Mandat d'arrêt annulé par la juge Lilian Moreno
  • Enquête ouverte contre la juge Moreno par le Conseil de la magistrature

Cette décision judiciaire pourrait avoir des répercussions importantes sur la campagne présidentielle à venir, relançant les débats sur l’éligibilité et la légitimité d’Evo Morales à se présenter à nouveau.