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Les Brics dénoncent le protectionnisme américain lors de leur réunion à Rio


Les ministres des Affaires étrangères des Brics se sont réunis à Rio pour discuter de la montée du protectionnisme et de ses impacts économiques mondiaux.

Les Brics dénoncent le protectionnisme américain lors de leur réunion à Rio

Les Brics ont dénoncé mardi l’augmentation du protectionnisme, dans le contexte de guerre commerciale menée par Washington. Les ministres des Affaires étrangères des pays du bloc se sont retrouvés durant deux jours à Rio de Janeiro pour une réunion sous l’égide du Brésil, qui en assure cette année la présidence tournante. Cette rencontre, marquée notamment par la présence du Chinois Wang Yi et du Russe Sergueï Lavrov, s’est tenue à un moment critique pour l’économie mondiale.

Les Brics face à la montée du protectionnisme

Le Fonds monétaire international (FMI) s’attend à ce que la croissance mondiale soit de 2,8% cette année, une valeur révisée à la baisse face aux droits de douane imposés par le président américain et aux mesures de représailles prises par les autres pays. «Je voudrais souligner le ferme rejet par tous de la résurgence du protectionnisme commercial et du recours à des mesures non douanières sous des prétextes environnementaux», a déclaré Mauro Vieira, chef de la diplomatie brésilienne, lors de la conférence de presse finale.

Consensus sur les droits de douane

La réunion ne s’est pas conclue par un communiqué final: une déclaration de la présidence brésilienne résumant les échanges a simplement été publiée. Mais sur les droits de douane «il y a eu un consensus absolu de tous les pays», a affirmé Mauro Vieira, sans faire nommément référence à la politique de l’administration Trump.

Depuis son retour en janvier, le président américain a imposé des droits de douane d’au moins 10% à la plupart des partenaires commerciaux des États-Unis et une surtaxe distincte de 145% sur la majorité des produits chinois entrant sur le territoire américain. La Chine a riposté en mettant en place ses propres surtaxes de 125% sur les produits américains. Tous les pays des Brics ne sont pas logés à la même enseigne face à l’offensive protectionniste américaine.

Réactions des pays des Brics

Le Brésil du président de gauche Luiz Inacio Lula da Silva s’est vu imposer le droit de douane minimal de 10%. Brasilia s’irrite par ailleurs des mesures européennes imposant des exigences environnementales à l’agriculture brésilienne (notamment pour lutter contre la déforestation), y voyant une entrave injustifiée au commerce.

D’une manière générale, le chef de la diplomatie brésilienne a appelé à «renforcer le multilatéralisme»: «Ni le Brésil, ni nos partenaires des Brics n’ont intérêt à vivre dans un monde fracturé».

Composition et poids des Brics

Outre Brésil, Chine et Russie, le groupe des Brics réunit Inde, Afrique du Sud, Arabie saoudite, Égypte, Émirats arabes unis, Éthiopie, Indonésie et Iran. Le bloc, qui n’a cessé de s’agrandir et de gagner du poids sur la scène internationale, représente presque la moitié de la population mondiale et 39% du PIB mondial.

Transactions en devises non américaines

La question sensible des transactions en devises non américaines au sein du groupe, abordée en octobre lors de son dernier sommet à Kazan, en Russie, a été évoquée avec prudence à Rio. Les ministres «ont souligné l’importance d’un usage élargi des monnaies locales» pour les transactions entre pays des Brics, dit le texte publié par la présidence brésilienne, sans mentionner un quelconque projet de nouvelle monnaie. Donald Trump a menacé d’imposer des droits de douane de 100% aux pays concernés s’ils tentent de mettre fin à la domination internationale du dollar.

Fragmentation internationale et action climatique

Dans le document final, les pays des Brics ont aussi averti que la «fragmentation» internationale «compromet l’ambition de l’action climatique», alors que le Brésil accueillera en novembre la COP30, conférence climat de l’ONU, dans la ville amazonienne de Belem.

Guerre en Ukraine et situation à Gaza

Sur la guerre en Ukraine, les ministres des pays émergents ont appelé à «un accord de paix durable», au moment où l’administration Trump pousse pour un accord de paix entre Kiev et Moscou dont les contours paraissent favorables à la Russie. Le sujet est délicat pour les Brics, dont la Russie est un membre fondateur: le bloc s’est jusque-là abstenu de toute condamnation de l’invasion russe.

Le texte publié mardi par le Brésil est beaucoup plus développé sur Gaza. Un appel y est notamment lancé au «retrait total des forces israéliennes de la bande de Gaza et à la libération de tous les otages et détenus», ainsi qu’à un «accès sans restriction de l’aide humanitaire».

Selon le ministre Vieira, l’objectif du Brésil est désormais de faire en sorte qu’une déclaration commune soit signée lors du sommet des chefs d’État des Brics, prévu à Rio les 6 et 7 juillet.