Les autorités sanitaires viennent de retirer «sans délai» les plus de 65 ans de la campagne de vaccination pour l’île de l’océan indien et Mayotte après trois «évènements indésirables graves» dont un décès. Cette décision survient quelques semaines après le lancement de cette campagne qui ciblait en priorité les seniors, à l’heure où l’épidémie de chikungunya a déjà provoqué la mort de neuf personnes à La Réunion, selon un bilan provisoire.
La campagne de vaccination contre le chikungunya en difficulté
Retrait des seniors de la campagne de vaccination
Les autorités sanitaires ont pris la décision de retirer les seniors de la campagne de vaccination contre le chikungunya après trois «événements indésirables graves» impliquant le vaccin Ixchiq. Cette mesure a été prise après que deux personnes âgées de plus de 80 ans présentant des comorbidités aient développé des symptômes graves similaires à ceux d'une forme sévère de chikungunya quelques jours après la vaccination, dont l’une est décédée. Une troisième personne a également été hospitalisée mais a depuis été libérée.
Réévaluation des cibles de vaccination
Le ministère de la Santé a précisé que «la vaccination reste ouverte pour les personnes âgées de 18 à 64 ans présentant des comorbidités». La Direction générale de la santé (DGS) a saisi en urgence la Haute Autorité de Santé (HAS) pour réévaluer les indications de vaccination contre le chikungunya par le vaccin Ixchiq du laboratoire Valneva. La HAS s’étant prononcée en faveur d’une révision des cibles de la vaccination, les autorités sanitaires ont décidé de retirer de la cible vaccinale, «sans délai, les personnes de 65 ans et plus présentant ou non des comorbidités».
Surveillance renforcée et bilan de l'épidémie
Le 17 avril, l’agence du médicament avait annoncé «une surveillance renforcée» d’éventuels effets secondaires post-vaccination avec le vaccin Ixchiq. Le bilan provisoire de l’épidémie de chikungunya à La Réunion est de neuf morts, selon les autorités sanitaires qui soulignent que l’épidémie se «stabilise à un haut niveau». Du 7 au 13 avril, la dernière semaine pour laquelle les données sont connues, 350 passages aux urgences ont été enregistrés contre 289 la semaine précédente, soit une hausse de 21%. Le nombre de cas confirmés comptabilisés sur la même période est lui en baisse, de 6237 à 4304, mais Santé publique France précise que ce nombre n’est pas consolidé et qu’il pourrait donc s’avérer plus élevé.
Contexte de l'épidémie de chikungunya
Le chikungunya, une maladie infectieuse due à un virus transmis par le moustique tigre, provoque une forte fièvre et des douleurs articulaires pouvant perdurer plusieurs semaines. Il n’existe pas de traitement spécifique contre la maladie. Face à une épidémie généralisée et majeure à La Réunion, une campagne de vaccination a été lancée par les autorités sanitaires début avril dans l’île. Le vaccin utilisé, Ixchiq, est le premier contre le chikungunya à avoir obtenu une autorisation de mise sur le marché en Europe.
- Quelque 40'000 doses de ce vaccin sont arrivées à La Réunion et 60'000 supplémentaires ont été achetées.
- Elles étaient destinées en priorité aux personnes de 65 ans et plus présentant des comorbidités.
La campagne de vaccination a démarré «timidement», avait récemment indiqué le directeur général de l’agence régionale de santé (ARS), Gérard Cotellon. L’épidémie actuelle a commencé en août 2024, mais les cas ont explosé à partir de mars 2025. Avant cette flambée, aucun cas de chikungunya n’avait été signalé depuis 2010 à La Réunion. Une grande épidémie y avait touché 260'000 personnes et fait plus de 200 morts entre 2005 et 2006.