Donald Trump a signé jeudi un décret destiné à ouvrir l’extraction à grande échelle de minerais dans les grands fonds océaniques, y compris en eaux internationales. Cette initiative remet en cause l’Autorité internationale des fonds marins (AIFM), théoriquement compétente en haute mer. Le texte demande au secrétaire au Commerce, Howard Lutnick, «d’accélérer l’examen» de candidatures «et la délivrance de permis d’exploration et d’extraction» de minéraux «au-delà des juridictions» américaines. Il saisit également le ministre de l’Intérieur, Doug Burgum, pour en faire de même pour les eaux territoriales.
L’initiative doit permettre de collecter un milliard de tonnes de matériaux en dix ans, a indiqué un haut responsable américain. L’AIFM a juridiction sur les fonds marins des eaux internationales, en vertu d’accords que les États-Unis n’ont, néanmoins, jamais ratifiés. Le décret enjoint également le secrétaire au Commerce de préparer un rapport sur «la faisabilité d’un mécanisme de partage» du produit des fonds marins.
L'extraction minière sous-marine : un projet controversé
Objectifs et ambitions
Le gouvernement Trump estime que l’extraction minière en eaux profondes pourrait créer 100’000 emplois et augmenter de 300 milliards de dollars le produit intérieur brut (PIB) des États-Unis, sur 10 ans toujours, a indiqué un responsable. «Nous voulons que les États-Unis devancent la Chine dans ce domaine», a expliqué cette source.
L’extraction concerne principalement les nodules polymétalliques, des sortes de galets posés sur les fonds marins, riches en minéraux comme le manganèse, le nickel, le cobalt, le cuivre ou les terres rares. Ces dernières sont des métaux aux propriétés magnétiques très prisées pour les véhicules électriques, panneaux solaires, mais aussi smartphones et ordinateurs portables.
Défis et controverses
«Les États-Unis font face à un défi économique et de sécurité nationale sans précédent, à savoir la sécurisation de leurs approvisionnements en minéraux critiques sans en passer par des adversaires étrangers», fait valoir le décret.
L’entreprise canadienne The Metals Company (TMC) a annoncé en 2025 son intention de contourner l’AIFM en demandant prochainement le feu vert des États-Unis pour commencer à exploiter des minerais en haute mer.
Réactions et oppositions
De nombreuses organisations de défense de l’environnement s’opposent à l’extraction minière qu’elles accusent de menacer gravement l’écosystème marin.
«En se lançant dans l’extraction minière en eaux internationales, à contrepied du reste du monde, le gouvernement ouvre la voie à d’autres pays pour en faire de même», a réagi Jeff Watters, vice-président de l’ONG Ocean Conservancy, dans un communiqué. «Et cela aura des conséquences négatives pour nous tous et pour les océans dont nous dépendons», a-t-il prévenu.
Contexte international
Aucune extraction minière commerciale n’a encore eu lieu dans les fonds marins, aux États-Unis ou ailleurs. Certains États ont, en revanche, déjà octroyé des permis d’exploration dans leurs zones économiques exclusives, notamment le Japon et les îles Cook.
Le décret de Donald Trump pourrait donc marquer un tournant dans l’exploitation des ressources sous-marines, avec des implications potentielles majeures pour l’économie mondiale et l’environnement marin.