Les tensions entre l'Inde et le Pakistan ont atteint un nouveau sommet après l'attentat meurtrier de mardi au Cachemire, qui a coûté la vie à 26 personnes. New Delhi accuse Islamabad de terrorisme transfrontalier, entraînant une série de mesures diplomatiques punitives de la part des autorités indiennes.
Parmi ces décisions, on note la suspension d’un traité sur le partage de l’eau, la fermeture du principal poste-frontière terrestre entre les deux pays et le rappel de diplomates. Jeudi, l'Inde a également ordonné à tous les citoyens pakistanais, à l’exception des diplomates, de quitter son territoire d’ici au 29 avril. Le Premier ministre indien, Narendra Modi, a promis de traquer «jusqu’au bout de la terre» les auteurs de l’attaque et leurs complices, sans mettre formellement en cause le Pakistan.
Réactions et contre-mesures du Pakistan
Fermeture des frontières et expulsion des diplomates
Le Pakistan, qui a nié toute responsabilité dans l’attaque, a réuni jeudi après-midi son Comité de la sécurité nationale pour décider d’une riposte. Il a annoncé fermer sa frontière et son espace aérien à New Delhi, tout en déclarant persona non grata plusieurs diplomates indiens et en annulant les visas de ressortissants indiens. «Les ressortissants indiens se trouvant actuellement au Pakistan ont 48 heures pour quitter le pays», précise un communiqué du gouvernement, qui ajoute que le principal poste-frontière est désormais fermé dans les deux sens.
La question cruciale de l'eau
La principale pomme de discorde entre les deux pays reste toutefois la question de l’eau, cruciale dans une région fortement menacée par la sécheresse et le changement climatique. Mercredi, New Delhi a dit dénoncer le Traité sur les eaux de l’Indus, ratifié en 1960 et jamais remis en question malgré trois guerres entre les deux voisins, accusant Islamabad de «soutien au terrorisme transfrontalier».
Le Pakistan, quant à lui, a annoncé jeudi qu’il prendrait des «mesures fermes» contre toute «menace indienne», assurant notamment que toute tentative par son voisin de réduire son approvisionnement en eau du fleuve Indus serait considéré comme un «acte de guerre».
Enquête en cours et suspects recherchés
La fusillade de Pahalgam n’avait toujours pas été revendiquée jeudi à la mi-journée. La police a diffusé les portraits-robot de trois suspects, dont deux ressortissants pakistanais, les présentant comme membres du groupe Lashkar-e-Taibad (LeT), basé au Pakistan. Ce groupe islamiste est soupçonné des attaques jihadistes qui ont visé la mégapole indienne de Bombay en novembre 2008, faisant 166 morts. La police a également offert une récompense de deux millions de roupies (environ 19'000 francs) pour toute information permettant leur capture.
Contexte historique et conflit au Cachemire
Le Cachemire a été partagé entre l’Inde et le Pakistan en 1947, lorsque ces deux pays ont accédé à l’indépendance. Ils continuent depuis à réclamer la souveraineté de l’ensemble du territoire. Depuis 1989, les combats entre l’insurrection séparatiste et les troupes indiennes ont fait des dizaines de milliers de morts dans la région.
Liste des mesures prises par l'Inde et le Pakistan
- Suspension du traité sur le partage de l’eau par l'Inde
- Fermeture du principal poste-frontière terrestre entre les deux pays
- Rappel de diplomates par l'Inde
- Expulsion des citoyens pakistanais de l'Inde
- Fermeture de la frontière et de l'espace aérien par le Pakistan
- Déclaration de persona non grata de plusieurs diplomates indiens par le Pakistan
- Annulation des visas de ressortissants indiens par le Pakistan
Ces mesures montrent à quel point les relations entre les deux pays sont tendues, avec des implications potentielles graves pour la stabilité régionale.