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Decathlon accusé de liens avec le travail forcé des Ouïghours


L'émission Cash Investigation révèle que Decathlon s'approvisionne en coton auprès d'une entreprise chinoise liée au travail forcé des Ouïghours. L'enseigne nie les accusations.

Decathlon accusé de liens avec le travail forcé des Ouïghours

L'émission Cash Investigation a récemment pointé du doigt la marque française Decathlon dans un documentaire diffusé jeudi soir sur «France 2». Le distributeur, faisant partie de la galaxie Mulliez, est accusé de s’approvisionner en textiles auprès d’un groupe chinois lié au travail forcé des Ouïghours, ce dont il se défend vigoureusement.

Selon le média Disclose et l’émission Cash Investigation, Decathlon s’approvisionnerait en coton provenant du Xinjiang, une région où les Ouïghours, musulmans, constituent le principal groupe ethnique. L'enseigne est accusée de collaborer avec «Qingdao Jifa Group», une entreprise qui «s’appuie sur un réseau de travail forcé en Chine».

Decathlon et le travail forcé des Ouïghours

Accusations de travail forcé

Dans le documentaire de Cash Investigation, une cadre locale a indiqué que du coton entreposé dans une entreprise produisant pour Decathlon pourrait provenir du Xinjiang. Cette région a été frappée par des attentats sanglants attribués par les autorités à des islamistes et des séparatistes, ce qui a conduit la Chine à lancer une vaste campagne sécuritaire au nom de l’antiterrorisme.

Les accusations de travail forcé sont basées sur des affirmations d’ONG et d’études occidentales, que l’AFP n’est pas en mesure de vérifier. Ces accusations mettent en lumière les conditions de travail des Ouïghours dans la région du Xinjiang.

Réponse de Decathlon

La communication de l’enseigne a confirmé s’approvisionner auprès de Qingdao Jifa mais a déclaré à l’AFP: «nous condamnons avec fermeté toute forme de travail forcé. Nous sommes engagés au quotidien pour garantir l’intégrité et le respect des droits fondamentaux au sein de nos activités et de notre chaîne de valeur, et nous n’hésiterons pas à réagir et prendre toutes les mesures nécessaires si les faits étaient avérés». Decathlon assure que 100% du coton utilisé dans la fabrication de ses produits provient de sources engagées dans des pratiques plus responsables, garantissant l’absence de toute forme de travail forcé, et incluant du coton biologique et recyclé.

Produits arborant le logo de la NBA

Cash Investigation évoque également des produits arborant le logo de la ligue américaine de basket, la NBA, dont Decathlon est partenaire depuis 2021. L’enseigne revendique pouvoir vendre des produits «aux couleurs de la NBA et des franchises NBA», et ce «dans plus de 1 700 magasins Decathlon dans le monde et en ligne», en Afrique, Asie, Europe, Moyen-Orient et Amérique latine.

Législation américaine et impact sur Decathlon

Aux États-Unis, une loi votée par le Congrès en décembre 2021 interdit toute importation de produits provenant du Xinjiang, à moins que les entreprises de la région puissent prouver que leur production n’intègre pas de travail forcé. Cette législation pourrait avoir un impact significatif sur les opérations de Decathlon et d’autres entreprises s’approvisionnant dans cette région.

Statut juridique de l’empire Mulliez

Cash Investigation s’intéresse également au statut juridique de l’empire de la famille Mulliez, qui contrôle de nombreuses enseignes telles que Leroy Merlin, Kiabi, Flunch, Boulanger et Auchan. Ces enseignes sont toutes contrôlées par les membres de l’Association familiale Mulliez (AFM), sans que celle-ci ne revendique le statut de groupe intégré.

Un milliard d’euros de dividendes

Dans ce contexte, Decathlon a choqué ses représentants du personnel en distribuant fin 2024 un milliard d’euros de dividendes à ses actionnaires. Cette décision intervient alors qu’Auchan a annoncé un vaste plan social menaçant 2 400 emplois en France, tandis que d’autres enseignes comme Decathlon sont en meilleure situation financière. Les représentants du personnel ont appelé à reclasser les salariés dans ces enseignes.

Ces révélations mettent en lumière les défis éthiques et économiques auxquels Decathlon et d’autres grandes enseignes sont confrontées, notamment en matière de responsabilité sociale et de transparence dans leurs chaînes d’approvisionnement.