L'aéroport de Bruxelles-Zaventem, principal hub aérien de Belgique, a connu une nuit chaotique mardi soir en raison de la présence de drones suspects dans son espace aérien. Cette situation inédite a entraîné l'annulation massive de vols et contraint des centaines de passagers à passer la nuit dans l'aérogare. L'incident s'inscrit dans une série de survols mystérieux qui touchent plusieurs pays européens depuis deux mois.
Les autorités belges ont dû prendre des mesures drastiques pour garantir la sécurité des opérations aériennes, provoquant des perturbations majeures dans le trafic aérien national et international. Cette crise révèle la vulnérabilité des infrastructures critiques face à ces nouvelles menaces technologiques.
Une nuit de chaos pour des centaines de passagers bloqués
Entre 400 et 500 passagers ont été contraints de passer la nuit à l'aéroport de Bruxelles-Zaventem suite aux perturbations causées par les drones. Selon Ariane Goossens, porte-parole de Brussels Airport, environ 80 vols ont été annulés depuis mardi soir, créant une situation d'urgence pour de nombreux voyageurs pris au dépourvu.
Face à l'impossibilité de décoller ou d'atterrir à Zaventem, plusieurs vols ont dû être déroutés vers des aéroports voisins, notamment aux Pays-Bas. Cette réorganisation d'urgence a mobilisé l'ensemble des équipes aéroportuaires et des compagnies aériennes pour gérer la crise et assister les passagers bloqués.
Deux interruptions successives du trafic aérien
Skeyes, la société en charge du contrôle aérien en Belgique, a été contrainte d'interrompre l'ensemble du trafic au-dessus du territoire belge à deux reprises mardi soir. La première interruption est intervenue vers 20 heures, suivie d'une seconde suspension à 22 heures, après deux signalements distincts de drones aux abords des aéroports de Bruxelles-Zaventem et de Liège.
Ces mesures exceptionnelles témoignent de la gravité de la situation et de la priorité accordée à la sécurité aérienne. L'aéroport de Liège, plateforme spécialisée dans le fret avec de nombreux vols cargo nocturnes, a vu son activité totalement paralysée pendant environ six heures. Le trafic n'a pu reprendre que peu avant 2 heures du matin mercredi, selon Christian Delcourt, porte-parole de la plateforme.
Un retour progressif à la normale
Mercredi matin, la porte-parole de Brussels Airport a annoncé que "les vols peuvent à nouveau être opérés" à Zaventem, apportant un soulagement aux passagers et aux compagnies aériennes. Elle a précisé que "la situation va se normaliser au cours de la journée", bien que des retards résiduels soient encore attendus.
L'aéroport de Charleroi, deuxième plateforme aéroportuaire du pays, a également été touché par ces mesures de précaution. Le trafic des arrivées y a été provisoirement suspendu, démontrant l'ampleur des répercussions sur l'ensemble du réseau aérien belge.
Une série d'incidents inquiétants en Belgique
La Belgique connaît depuis plusieurs semaines des épisodes répétés de survols de drones jugés suspects au-dessus de lieux et d'infrastructures sensibles. Ces incidents s'inscrivent dans un phénomène plus large touchant plusieurs pays européens depuis deux mois.
Le week-end précédant les perturbations aéroportuaires, la base militaire de Kleine-Brogel, située dans le nord-est du pays et abritant des armes nucléaires américaines, a été survolée à trois reprises par des drones. Ces intrusions ont immédiatement déclenché l'ouverture d'une enquête par le service de renseignement militaire belge.
Des soupçons de déstabilisation coordonnée
Interrogé lundi sur ces incidents, le ministre de la Défense belge Theo Francken a évoqué une opération coordonnée menée par "des professionnels" visant à "déstabiliser" la Belgique. Bien qu'il ait refusé de pointer directement du doigt la Russie, ses déclarations laissent entrevoir des soupçons quant à l'origine de ces activités.
"Ils sont en train d'essayer [de semer] la panique en Belgique", a affirmé le ministre sur la ecouter la radio publique francophone RTBF, ajoutant que "c'est de la déstabilisation". Ces propos traduisent l'inquiétude croissante des autorités face à ces menaces qui ciblent des infrastructures stratégiques.
Une réponse gouvernementale d'urgence
Face à la multiplication de ces incidents et à leur impact sur la sécurité nationale, le ministre belge de l'Intérieur Bernard Quintin a demandé la convocation en urgence d'un conseil national de sécurité. Cette réunion d'urgence vise à coordonner la réponse des différentes autorités et à élaborer une stratégie pour faire face à cette nouvelle forme de menace.
Les autorités belges doivent désormais trouver un équilibre entre la protection des infrastructures critiques et le maintien des activités normales, notamment dans le secteur aérien vital pour l'économie du pays. La question des moyens de détection et de neutralisation des drones suspects devient une priorité absolue pour garantir la sécurité du territoire et de ses installations sensibles.











